J’ai mis des années à comprendre ce qu’il fallait pour briller en soirée. J’ai essayé d’avoir du charisme mais je suis aussi excitant qu’une patate au fond du bac à légumes. J’ai essayé d’avoir de la répartie, mais je n’arrive déjà pas à terminer mes propres phrases. J’ai essayé d’être sexy, mais – il faut bien l’avouer – je n’ai rien de Ryan Gosling…
Et puis j’ai trouvé LE TRUC infaillible : la culture générale ! Ça marche à tous les coups. Alors si vous aussi vous voulez devenir la star de votre prochain apéro, lisez ces 5 anecdotes sur Lyon. Vos amis vont être bluffés !
Et si vous voulez encore plus d’anecdotes, voici l’épisode 1.
La vraie origine du 8 décembre
Votre ami Jean-Stanislas vous a invité à un petit apéro entre gens biens. La Fête des Lumières arrive dans la discussion au même moment que la 3ème bouteille de Saint-Jo et certains convives, adeptes du très tendance “c’était mieux avant” s’agacent de ce qu’est devenue cette fête : trop commerciale, trop touristiques, trop clinquante. Pour eux c’était bien mieux quand les Lyonnais se contentaient de monter à Fourvière, un flambeau à la main et transis de froid (le réchauffement climatique n’existait pas à l’époque). C’est le moment de leur raconter la vraie origine du 8 décembre (et de recommander une bouteille). Précisez d’abord que mettre des lumignons aux fenêtres ne date pas de cette fameuse nuit d’hiver de 1852. Les Lyonnais avaient déjà pour habitude d’éclairer leur ville à l’aide de lumignons pour les grandes occasions (par exemple en 1600, pour le mariage d’Henri IV et Marie de Médicis). En décembre 1852 on trouvait déjà des publicités dans les journaux et des promotions dans les magasins pour des lumignons à l’occasion de l’inauguration de la statue de Marie. Quand la ville s’est éclairé spontanément le 8 (alors que c’était prévu pour le 12), les gens se sont précipités dans les boutiques pour acheter leurs bougies et participer au miracle.
Si la fête a perduré, c’est aussi en grande partie grâce aux commerçants Lyonnais. Très vite ils ont compris que faire descendre les Lyonnais dans la rue était bon pour le business. Ils ont donc fortement accompagné l’Église dans la mise en place de cette tradition. Très rapidement on est donc sorti le 8 décembre au soir pour remercier Marie et voir les vitrines de Noël qui venaient d’être installées.
Bref vous pouvez dire à votre copain Jean-Stanislas, que les Illuminations c’est commercial depuis le début !
La “tache de sang” rue de la République
Cette soirée avec vos amis historiens auraient pu bien se passer, jusqu’à ce qu’un des convives un peu ivre vous accuse de passer vos samedis à faire du shopping rue de la Ré plutôt que de courir les musées de la ville. Jurez sur la tête d’Indiana Jones que vous ne vouez aucune passion pour les soldes proposés par le Printemps mais que vous êtes fasciné par la “dalle de sang” située juste à coté du Palais de la Bourse. Cette dalle rouge (alors que toutes les autres dalles de la rue sont grises) indique l’emplacement où le Président de la République Sadi Carnot fut assassiné le 24 juin 1894 par l’anarchiste italien Sante Geronimo Caserio (Il y avait déjà des attentats à l’époque. Comme quoi, c’était pas mieux avant^^). Suite à cet assassinat, de nombreux commerces italiens de la Presqu’île et de la Guillotière furent incendiés par les Lyonnais furieux.
Le passé chic de la place Dupont
Cela fait plusieurs fois que vous suppliez votre amie Marie-Kimberley de vous accompagner dans une de vos tournées des bars de la Guillotière. Mais rien y fait, elle trouve le quartier trop mal famé pour y laisser trainer ses Louboutins. Tentez de la convaincre en lui racontant que le quartier a autrefois été très chic. Le bâtiment actuellement occupé par le Mac Do était même la Mairie du 7ème arrondissement.
Pourquoi les Lyonnais détestent les Parisiens
Vous avez invité votre ami parisien Pierre-Kevin à une petite fête en appartement. Au bout de quelques minutes celui-ci vient vous voir parce que tout le monde refuse de lui parler. Il est grand temps de lui expliquer les raisons de la haine viscérale que vouent les Lyonnais aux Parisiens. Passez sous silence le fait qu’ils nous ont piqué sans honte beaucoup de choses (le pauvre se sent déjà mal, n’en rajoutez pas) mais racontez-lui ce qu’il s’est passé en 1793.
Lors de la mise en place de la centralisation du pays par l’État Français, Lyon commence à se rebeller. La ville voit d’un très mauvais œil la concentration des pouvoirs à Paris. Les Jacobins et les Girondins s’affrontent au sein même de la ville à grands coups de traquenards et de massacres (Non, vraiment c’était pas mieux avant…). Après pas mal de querelles, la Convention décrète Lyon « en état de rébellion contre l’autorité légitime ». Paris envoie l’armée mater les Lyonnais. La ville est assiégée pendant 63 jours avant de tomber. Lyon est alors rayée de la carte dans tous les sens du terme. Le 12 octobre de cette année un décret stipule : “La ville de Lyon sera détruite… le nom de Lyon sera effacé du tableau des villes de la République. La réunion des maisons conservées portera le nom de Ville Affranchie … il sera élevé sur les ruines de Lyon une colonne qui attestera à la postérité les crimes et la punition des royalistes de cette ville avec la mention suivante : Lyon fit la guerre à la Liberté. Lyon n’est plus”. Des milliers de gens furent exécutés et de nombreux bâtiments rasés.
Merci bien les Parisiens !
La fontaine des Terreaux… de Bordeaux…
Alors que vous revenez d’une soirée en traversant la place les Terreaux, votre amie Marie-Kimberly s’étonne de ne plus y voir la fontaine de Bartholdi, qui traine habituellement en son centre. Vous savez très bien qu’elle est partie se refaire une petite beauté dans un atelier de rénovation mais faites croire à votre amie ingénue que le Maire de Lyon a décidé de la rendre à la ville de Bordeaux. En effet, cette fontaine réalisée par Bartholdi en 1888 a été commandée par la Ville de Bordeaux qui finit par la trouver trop chère. Le Maire de Lyon de l’époque la rachète alors lors de l’Exposition Universelle de Paris en 1889 pour la somme de 100 000 francs de l’époque (la rénovation de la fontaine devrait couter 2 millions d’euros). C’est donc une représentation de la Garonne tirée par ses 4 affluents qui trône en plein centre de la Capitale des Gaules. Pour noyer les poissons, les responsables de l’époque affirmèrent qu’il s’agissait de la France et ses 4 fleuves.
2 commentaires
Excellent, je confirme tout ce qui est écrit. En plus les commentaires et les petites BD sont jubilatoires. Il y a quelques années lorsque je disais que la fontaine des Terreaux représentait la Garonne et était destinée à Bordeaux, je passais pour un fabulateur facétieux. “C’est encore une de tes histoires à la limite du réel !” Aujourd’hui je suis content car de plus en plus de gens sont au courant et j’ai même entendu un guide en parler. Merci aussi pour la dalle rouge du Palais de la Bourse ; comme quoi, même en sachant beaucoup de choses sur Lyon, j’apprends encore.
Bise aux fenottes et cinq sous aux gones.
Merci de ces infos que je ne connaissais pas du tout . C est incroyable je savais que le sculpteur de la Fontaine des Terreaux était celui de la Statue de la liberté Mais de la , qu’elle était réservée pour Bordeaux je suis très surprise. Même la dalle rouge Place de la Bourse je ne savais pas. Merci pour tous ces renseignements je vais en épater plus d’un