Je vous ai déjà parlé de mon homme, ce super héros des fruits et légumes amoureux de la nature, mi-Jean-Pierre Coffe mi-Nicolas Hulot ? Mais si, souvenez-vous, celui qui a réussi l’exploit de me convertir aux paniers bios ! Bon. Eh bien après 6 mois de livraisons hebdomadaires de végétation en tout genre (qui nous ont certes permis de manger des bonnes soupes et des bonnes purées tout l’hiver), je commençais à croire que la baguette magique de la fée du steak saignant ne le toucherait plus jamais…
Mais, un beau jour, il m’annonça que notre cuisine manquait quand même de protéine animale. Avais-je bien entendu ? Enfin ! Ô miracle ! J’imaginais déjà le frigo rempli à ras bord de pavés de Charolais et de monceaux de charcuteries à la place des choux, des salades et autres gros bad boys végétaux squatteurs de clayettes. Malheureusement ma joie (et ma salivation) s’arrêtèrent net quand je compris ce à quoi lesdites protéines faisaient réellement allusion.
<FLASHBACK> Eté dernier, je suis en voiture avec mon chéri et ma nièce de 9 ans sur les petites routes de l’arrière-pays montpelliérain. A quelques kilomètres de chez elle, à l’entrée du village de Combaillaux, nous sommes attirés par un étrange panneau : « Lombristation ». C’est quoi ça ? demandé-je. Ah mais c’est GENIAL, c’est une station d’épuration des eaux qui fonctionne avec des lombrics ! répondit joyeusement mon homme. Hein ? Comme d’énormes bacs à compost avec plein de gros vers de terre grouillants ? hasardé-je. Oui c’est ça, ajouta ma nièce, s’empressant de préciser avec dégoût : je l’ai visité avec l’école… n’allez JAMAIS dans ce truc, ça PUE !!</FLASHBACK>
Je compris la feinte des protéines animales en autant de temps qu’il faut à une armée de lombrics pour digérer un vieux trognon de pomme – soit un certain temps quand même, ma réactivité ayant été retardée par le désespoir, puis l’incrédulité, puis la consternation, puis, enfin, l’horreur. Mais non, je ne rêvais pas. Mon homme comptait bien bricoler une mini lombristation dans notre cuisine, parce que « comme ça on va pouvoir réduire un peu notre empreinte écologique » et « on aura du bon engrais pour les plantes » (certes, ça se tient comme argument).
J’allais donc devoir me faire à la colocation avec tout un village immonde de vers de terre potentiellement puants et, par la même occasion, faire une croix sur mes fantasmes de carnivore. Je crois que c’est à cet instant que je suis tombée dans les pommes.
2 mois plus tard…
… force est de constater que l’idée était loin d’être idiote.
Sûrement parce que l’installation du lombricomposteur domestique a été fait avec pragmatisme et réelle motivation, contrairement à ce qui peut se passer avec certains bobos désireux d’être à la mode avec une conscience écolo toute relative et qui abandonnent à la première contrariété.
Mon homme est un pragmatique, donc. Il a écumé le net, loin d’être avare sur la question des lombrics, et a trouvé son bonheur sur de nombreux sites, très riches en conseils, proposant parfois des kits de démarrage efficaces mais plutôt chers (compter 100 euros). Au final, l’investissement s’est limité à 3 caisses en PVC + un couvercle (très important le couvercle) achetés dans un magasin de bricolage, un apéro avec le voisin qui nous a prêté sa perceuse, et les vers ont été donnés par un autre “éleveur” répertorié sur un site de partage de vers avec géolocalisation des lombricomsteurs anonymes.
C’est certes un peu encombrant. Mais dans notre cuisine, ça passe bien. Pourquoi pas les installer sur le balcon plutôt ? Parce que les petites bestioles sont sensibles aux variations de température. Idéalement il faudrait les maintenir à 25° toute l’année. Genre ma cuisine c’est Center Parcs !
Bon et dans les bacs, ils font quoi, concrètement ? Ils baisent mangent tout le temps. Ah ça, ils bossent, aucun doute sur la question. Ils mangent, donc, puis digèrent et excrètent le futur engrais. 70 % d’épluchures de légumes et de fruits (éviter les oignons, les poireaux et l’ail, en gros les vermifuges !), 30 % de cartons (rouleaux de PQ, boîtes d’œufs…), voilà le régime idéal du ver gourmet. Ajoutez des vieux sachets de thé ou du café, et on peut prétendre au étoiles du Michelin. Ces dernières substances les excitent sauvagement d’ailleurs : un besoin urgent d’engrais ? C’est le moment de les faire partouzer gaiement au milieu des vieux restes de salade.
Et ça demande de l’entretien ? Très peu en fait. Il faut vérifier tous les 2 ou 3 jours que ça mange bien et, surtout, que les mouches ne commencent pas à proliférer. Si c’est le cas, c’est que le milieu est trop humide, alors il faut rajouter un peu de carton, ou des coquilles d’œuf, et faire faire une petite diète aux lombrics. Car oui, il ne faut surtout pas trop leur donner à manger, ni les exposer à la lumière et éviter les températures extrêmes. Bon, au pire si ça arrive, ils ne vont pas se transformer en Gremlins, il se contenteront de mourir. Dans des conditions normales, la population des bébêtes est multipliée par deux tous les mois, pour info. Les lapins, à côté, c’est des petits joueurs.
Le bilan ? Après 2 mois, on commence à récupérer dans les bacs du dessous une quantité exploitable de “thé de ver” (non, pas du thé vert, pas confondre !), un super engrais liquide concentré qu’il faut diluer avant d’arroser ses plantes avec.
Sérieusement : ça marche bien, ça ne sent pas mauvais (on est loin de la production industrielle du village de ma petite nièce), et ça demande peu d’entretien. On attend de bien maîtriser le processus et on se demande si on ne va pas proposer un lombricomposteur commun à nos voisins, voire, soyons fous, à l’ensemble de l’immeuble. Je suis convaincue, je vote pour les vers !
(Et pour fêter ça, je vais quand même me faire un bon steak. Nan mais.)
9 commentaires
OK OK… L’idée m’intéressait… mais je crois que je suis trop écoeurée à l’idée d’avoir ça dans ma cuisine ! Ca sera dans le jardin de l’immeuble en version partagée ou ça ne sera pas ! 🙂
C’est plein de protéines Camille 😉
Voui, voui !
Pour info, sur Lyon l’association “les compostiers” a créé plein de composts de quartiers… un bon moyen pour découvrir le lombricompostage sans trop “mettre les mains dedans” !
J’ai bien essayé le les boites à composts de mon quartier, mais elles étaient fermées pour cause de “trop plein”… Comme quoi, ces p’tites bêtes remportent un franc succès
Pour Camille, il est bon de préciser qu’il n’y a pas que la cuisine pour mettre ses vers : tant qu’il ne fait pas trop chaud ou trop froid, on peut les mettre partout.
(c’est juste que la cuisine, c’est plus simple pour mettre les épluchures)
Ahah, merci mais n’ayant pas de balcon, la cuisine reste le moins horrible… Je ne les vois pas trop dans mon salon ou près de mon lit… Bref, le ver n’est pas mon ami… Et merci Lydia, j’avais noté aussi l’existence des Compostiers !
Hey, mais c’est que ça donnerait presque envie !
Bon, je crois que je vais surtout me pencher sur la version collective, voir s’il y a ça dans mon quartier…
Ha mais génial ! un vrai test avec de vrais vers, et pas trop de moucherons. Au top ! Sinon, il y a des tas de jardins partagés à Lyon, et même l’association des Compostiers qui ouvre des composts partagés. Je partage des tas de bons plans ZÉRO DÉCHET à Lyon sur mon blog http://www.tiffinlyon.com/plans-b et sur Facebook https://www.facebook.com/Tiff-in-Lyon-246542012173369/ avec bientôt un article sur les composts à Lyon. Je parlerai de ce super test ! et vivent les vers !