Ça fait vieille aigrie de dire que plus je prends de l’âge, plus je reviens sur mes principes ? Un peu, oui. Mais bon, dans vieille aigrie, y’a « vieille », alors quelque part, j’avais déjà fait la moitié du chemin quoi qu’il arrive.
Quand j’étais petite, et encore plus quand j’étais ado, je notais mentalement tous les trucs que je ne ferai JAMAIS. Cette (très longue) liste était principalement constituée de points concernant l’éducation que me donnait mes parents ainsi que leurs choix, leurs idées, leurs jugements et leurs injonctions me concernant. Globalement, je n’étais d’accord avec presque rien, si ce n’est la présence de fromage de façon permanente à la maison.
Bon. J’étais un peu relou, je vous l’accorde. Mais le temps bonifie les gens (hahaha), et je tiens à dire à ma maman que, ouais, peut-être, ok, tout n’était pas à jeter. Je pense que je vais lui envoyer ça, d’ailleurs, avec un beau bouquet de fleurs pour la fête des mères…Parce que maintenant que j’ai des enfants, tu penses bien que mes principes, ils sont collés au fond de ma poche, avec un reste de chewing-gum et 3 cailloux.
Par exemple, je pestais sur cette incapacité qu’elle avait de me croire quand je disais un truc.
– T’as mis ton bonnet à l’école aujourd’hui ?
– Oui, oui.
Évidemment que je mentais, déjà, parce que c’était pas un bonnet, c’était une cagoule, et que, malgré mon jeune âge, j’avais déjà une idée assez précise de ce qui pouvait briser ma vie sociale à tout jamais. Et en plus, il était en « laine-qui-gratte » et que par définition, ça relevait de la torture.
Je pestais aussi d’avoir des horaires précis à respecter.
– Ok, tu vas voir Lucie, mais tu rentres à 17h45 précise.
Ca me foutait une telle trouille d’arriver en retard que je passais mon après-midi à regarder l’heure et je regrettais après d’en n’avoir pas assez profité.
Je pestais, enfin, sur cette incapacité qu’elle avait de ne voir que mes plantages.
J’étais plutôt bonne élève, mais dès que je me ratais sur une dictée (j’ai toujours été nulle en orthographe, c’est pour ça que mon boulot aujourd’hui, c’est d’écrire, au cas où tu n’avais pas saisi que j’étais l’incarnation du paradoxe), j’en prenais pour un quart d’heure de morale sur le fait de faire ses devoirs et d’apprendre ses leçons…
Et ça m’énervaaaaaiiiiiiit.
Plus ça m’énervait, du coup, moins je le faisais, tu penses.
Mais voilà, aujourd’hui, je dois des excuses à ma petite maman qui, je dois l’admettre aujourd’hui, essayait juste de me baliser le chemin, comme elle pouvait.
Parce qu’aujourd’hui, au moins sur ces trois points (mais mes greffons t’en relèveront certainement une trentaine d’autres, je n’en doute pas), je suis P.A.R.E.I.L.L.E.
Alors, pardon Maman, en vrai, d’avoir soufflé trop fort en levant les yeux en l’air. D’avoir claqué des portes et choper des rhumes en hiver. D’avoir pensé que t’étais trop nulle et que moi, je ne serai surtout pas comme ça.
Et puis merci.
Aussi.