Cette semaine, ce sont les lecteurs de CityCrunch qui prennent les commandes du magazine !
Aujourd’hui, Dorian vous raconte son dernier concert, celui de Flavien Berger.
La genèse
À vrai dire, je ne me souviens plus exactement du jour où je me suis mis à écouter cet artiste. Je ne pense pas qu’une âme charitable me l’ait conseillé chaudement. Flavien Berger s’est donc installé un certain jour dans mes oreilles, sans doute par le jeu des algorithmes d’une appli de musique, en toute discrétion comme sa musique sait l’être.
Ce dont je me souviens, oui, c’est que le côté discret de ses chansons me plaisait. Pas désagréable à la première écoute. C’est pas non plus un truc qui m’a retourné les tripes à la première écoute comme un bon vieux groupe de punk-rock incisif. Bref, pas un coup de coeur immédiat, mais un long processus pour lequel plusieurs écoutes sont nécessaires pour capter les contours de l’univers de l’artiste. Des éléments de sa musique ont happé mes oreilles, mon attention et mon cerveau. Une multitude de petits détails sublimes et subtils qui m’ont séduit au fil des nombreuses écoutes de ces derniers mois. J’ai hâte de voir et surtout d’entendre ce qu’il a à m’offrir comme sensations en Live !
L’arrivée
Je passe vers le stand des goodies. Trois vinyles sont en vente, ainsi que… des savons ! Les FLavons de Flavien. Le ton est donné, j’aime beaucoup ce genre d’humour absurde. Le Transbo est bien rempli ce vendredi soir. La foule est éparse ! Bigarrée, de tout style. Des trentenaires ++, des quarantenaires et quelques cinquantenaires égarés. Avides de musique électro calme, ou aventuriers de sensations musicales ?
Le concert
Flavien Berger arrive sur scène et la foule s’excite pour l’accueillir. Le concert commence. La machine se met en route. La scène résonne de quelques lumières naissantes. Il reste à arrière-plan presque dans le noir en s’activant sur ses deux claviers. Les rythmes s’enchainent, les boucles hypnotiques s’entremêlent. Puis la musique s’arrête soudainement. L’assistance est survoltée et danse à la reprise de ses rythmiques électriques. Deux structures métalliques énormes l’entourent et s’illuminent progressivement, apportant une dimension visuelle fantastique et hypnotique à son spectacle. Flavien enchaine les morceaux, créant, en arrière-plan, les boucles électro hypnotiques de sa musique puis se mettant en avant, dans la lumière, pour déclamer des textes poétiques d’une grande justesse. C’est un va-et-vient incessant de l’artiste entre l’ombre et la lumière. Avec une maitrise totale de ce qu’il veut offrir à son public ce soir, il m’emporte dans son univers passant par toutes les nuances de l’électro. Ici un Dub, plus loin une Transe psychée, entrecoupée de boucles Technoïdes et d’électro minimaliste.
Flavien Berger prend le micro parfois entre deux morceaux pour s’adresser au public du Transfo, en décalage complet, avec un discours absurde volontairement teinté de banalités. De l’humour surréaliste à la manière des stand up de Paul Mirabel. Comme autant de contrepieds, pour ne pas laisser décoller le public. Je m’aperçois également assez vite que les deux structures, une fois complément illuminées, représentent des licornes multicolores.
Au micro, Flavien entonne « Microsono » sur des nappes synthétiques. L’instant d’après, je l’aperçois à deux mètres de moi, au milieu dans la fosse, tirant le câble de quinze mètres de son micro. Le câble est soutenu dans les airs par l’assistance avec bienveillance pour laisser circuler le chanteur. À partir de ce moment et jusqu’à l’ultime morceau, Flavien Berger va m’emporter dans un voyage sidéral, il joue sans retenue dans une montée extatique crescendo, ajoutant tout un tas de micro variations à ses morceaux, modelant le son avec justesse, improvisant sur ses claviers, réglant les potards de ses loops pour faire monter la sauce et nous faire décoller.
Épilogue
Une grosse claque ce concert. Je vous recommande de rentrer dans son univers musical poétique et dadaïste. Flavien est unique, plutôt inclassable dans ses références, composant et mélangeant avec finesse une bande son parfois amusante, parfois troublante dans un espace temps parallèle au nôtre !