Nous sommes en 2019 et la Presqu’ïle de Lyon n’est toujours pas piétonne

Nous sommes en 2019 et malgré toutes les alertes sur la qualité de l’air, les expériences de piétonisation réussies des autres villes et l’abandon massif de la voiture par les foyers lyonnais, on peut toujours se balader en auto dans le centre ville de Lyon.

La scène se reproduit tous les samedis. La rue de la République est saturée des piétons qui courent d’une grosse enseigne à l’autre. Il faut rester concentré pour tracer sa route. Marcher sans regarder devant soi, le nez dans son smartphone, relève de l’inconscience. Quelques mètres plus loin, dans les rues parallèles, les piétons se serrent sur des trottoirs trop étroits. Pour peu que deux poussettes se croisent c’est l’embouteillage assuré. Pendant ce temps, des voitures traversent en large, en long et en travers les rues de la Presqu’île qui, dans leur grande majorité, ne sont pas piétonnes. La circulation n’est certes pas plus facile pour les automobilistes que pour les piétons, mais en 2019, on peut quand même s’interroger sur le fait de trouver encore des voitures dans le centre ville de la deuxième agglomération de France.

Lyon en retard par rapport aux autres villes

Quand j’étais gamin, la rue principale de la petite ville où je vivais était coupée à la circulation le samedi pour permettre aux piétons de faire leurs courses tranquillement. C’était il y a très longtemps (oui, je suis vieux, sachez-le), mais on avait déjà compris l’utilité de rendre piétonnes certaines rues pour le confort des usagers et le chiffre d’affaire des commerçants. Cela ne semble pas être le cas à Lyon, où l’idée de fermer les rues à la circulation le samedi relève de la science fiction.

Dans une ville qui se targue d’être toujours à la pointe de l’innovation, le concept de journée sans voiture comme il en existe dans de nombreuses villes, n’est même pas à l’ordre du jour ?

Pourtant, un peu partout sur la planète, les rues sont rendues aux piétons. Nos copains de Montpellier CityCrunch peuvent par exemple profiter du plus grand centre ville piéton d’Europe depuis 2004. Cette zone piétonne de 80 hectares, hyper agréable et riche en commerces, bars et restaurants continue de s’agrandir. L’année dernière Madrid a interdit la circulation des véhicules dans son centre ville. Oslo va encore plus loin en remplaçant les 56kms de routes traversant la ville par des pistes cyclables, pour bannir définitivement toute voiture d’ici la fin de l’année.

Pendant ce temps, à Lyon, on se serre sur les trottoirs. Faire du shopping en Presqu’île le samedi devient un tel parcours du combattant qu’on en vient à préférer faire ses courses dans un centre commercial (qui sera tout aussi bondé, mais sans voiture).

No parking no business ?

Alors, certes, au vu des modèles de véhicules qui circulent le samedi en Presqu’île, on comprend que les commerçants ne veulent pas se priver de ce flux de clients au portefeuille bien rempli. Mais en y regardant de plus près, on se rend compte que l’automobiliste n’est pas forcément un bon client. Plusieurs études ont démontré que si le piéton dépensait moins que l’automobiliste, il dépense plus souvent et qu’en cumulé, sur 1 mois, un piéton rapportera beaucoup plus aux commerçants qu’une personne véhiculé… même si elle arrive de l’Ouest Lyonnais. De plus, le piéton est flâneur et se laissera plus facilement tenter par une vitrine attirante.

La vieille formule du No Parking, No Business a pourtant encore de beaux jours devant elle. Mais piétonniser la Presqu’île, ne veut pas dire supprimer les parkings. Pour reprendre l’exemple de la zone piétonne de Montpellier, celle-ci fonctionne car il y a de nombreux parking aux alentours et qu’elle est desservie par pas moins de 4 lignes de tramway.

Piétonniser la Presqu’île, ne veut pas forcément dire rendre son accès compliqué pour les automobilistes. On peut même imaginer la faciliter (et soyons fous, offrir une réduction ou un remboursement sur le parking le week-end), ce n’est pas compliqué.

Allez on y croit pour 2020 !

Un grand plan de réfection de la Presqu’Ile est actuellement en cours. De nombreuses rues et places de ce secteur sont en train d’être refaites. Mais, bizarrement, rien n’a été imaginé pour convertir des rues en zones piétonnes (ni même en pistes cyclables qui font cruellement défaut dans le centre). Certains nouveaux équipements vont même à contre-courant…

Heureusement, les élections municipales qui arrivent à grands pas devraient faire bouger les lignes. Certaines propositions un peu timides commencent à apparaître. Est-ce qu’un candidat osera proposer une piétonisation totale de la Presqu’île ?

N’hésitez pas à nous dire ce que vous pensez de la pietonnisation de la Presqu’île. Vraie attente ou fausse bonne idée ? Les commentaires vous tendent les bras.