
On vous raconte.
Un cocon feutré au cœur du Vieux Lyon
Catarsis se planque à deux pas des quais et de la passerelle du Palais de Justice. Derrière sa devanture discrète, on découvre une salle intimiste à souhait : murs en pierre, parquet, belle hauteur sous plafond, cuisine ouverte… et cette bonne odeur qui flotte dans l’air. Ce soir-là, avec ma collègue Clémence, on s’installe à une petite table pour deux. L’ambiance est calme, mais on nous glisse vite que la réservation est vivement conseillée : le bouche-à-oreille commence à bien faire son effet.
Une carte à contre-courant
On le savait avant de venir, ici, tout tourne autour du dessert. Mais ce qu’on n’avait pas anticipé, c’est à quel point l’approche serait déroutante (dans le bon sens du terme). À peine installées, le serveur nous explique le principe : une cuisine construite comme un menu classique : entrée, plat, dessert, mais pensée autour de textures, techniques et dressages issus de la pâtisserie. Les saveurs oscillent en permanence entre le sucré et le salé, les légumes s’invitent dans les mousses, les sauces se parent d’épices, les produits bruts sont travaillés comme des douceurs.
Pas de “vrai” dessert au sens traditionnel, mais sept créations ultra travaillées, qui bousculent nos repères sans jamais tomber dans le too much. Si vous avez un appétit plus modéré, vous pouvez en choisir 5. Mais entre nous, quand on vous dit que tout est fait maison, imaginé comme un dessert et pensé comme un vrai voyage gustatif… vous comprendrez qu’on n’a pas résisté bien longtemps à la version complète.
Quand l’étonnement devient le fil rouge du menu
On commence par une mise en bouche, une verrine composée d’un siphon au sésame, d’un émincé de Saint-Jacques cru, de chips de riz bien croustillantes, et d’un biscuit au fromage surmonté d’une mousse de brebis et de fines lamelles de fromage. Dès la première bouchée, on sent qu’on ne va pas vivre un dîner comme les autres.
Premier plat : une mousse de goyave d’un rose fluo improbable, dissimulant un chèvre frais tout doux, le tout relevé d’un filet vert façon pesto de coriandre. Autant dire qu’on ne s’attendait pas à ça. C’est surprenant, hyper bien équilibré, ça fonctionne à merveille. On est déjà accros et on n’a qu’une hâte : découvrir la suite.
Deuxième plat : une brioche perdue, posée sous une quenelle de glace au cidre, accompagnée de betterave dans tous ses états, en tartare, en pickles, en lamelles. Il y a du croquant, du fondant, et même un praliné. Le tout est nappé d’une sauce cacahuète. Petite originalité de la maison, pas de pain ici, mais une mini brioche pour saucer comme il faut. On aime chaque élément séparément, mais l’ensemble nous convainc un peu moins. Peut-être trop d’infos dans l’assiette, ou une harmonie qui peine à se faire.
Troisième plat : le gros « wow » revient. Une assiette à première vue très classique, centrée autour du chou-fleur. On y retrouve des morceaux rôtis, une purée bien lisse, une réduction grillée hyper intense, et surtout deux éléments qui changent tout : du pain d’épices massala (rien à voir avec celui qu’on connaît à Noël), et quelques touches de chocolat blanc. C’est complètement inattendu, et franchement, ça marche de fou. On est surprises, mais conquises.
À ce moment-là, notre serveur, adorable et très impliqué, nous interroge sur notre ressenti. Sauf qu’on peine à trouver les mots tant on est déboussolées par ce qu’on vient de goûter. Et il faut croire que ce n’était que le début, car le quatrième plat, c’est littéralement notre coup de cœur du repas.

Sur le papier, c’est : eau de mer, algues, prunes, gin. Oui, dit comme ça, ça ressemble à un mélange entre une déco marine et un fond de cocktail oublié. Mais dans les faits, c’est une merveille. Le plat arrive dans un petit bol vintage, avec au fond une sauce gin-eau de mer ultra iodée, surmontée d’algues (certaines tendres, d’autres croustillantes comme des chips) et parsemée de petites pointes de confiture de prunes coréennes. C’est délicat, complexe, parfaitement équilibré. On ne parle plus, on savoure. Une vraie claque, qu’on aimerait pouvoir remanger là, tout de suite.
Cinquième plat : encore une dinguerie. Un bol dans lequel on pense d’abord voir un dessert, façon cupcake avec nappage. Mais en réalité, au fond, on découvre un effiloché de poulet fondant au caramel, surmonté d’un cake au chocolat blanc renfermant un cœur coulant au piment, le tout nappé de caramel et accompagné de chips de peau de poulet ultra croustillantes. L’association sucré-salé-piquant est totalement inédite, hyper maîtrisée. Seul bémol : le cœur piment est un peu fort pour Clémence, mais sinon, c’est une réussite totale et étonnamment, le plat de viande est celui qui nous paraît le plus sucré de tous !
Sixième plat : encore un dessert, enfin… un autre dessert. On croit voir une énorme cuillère de crème fouettée, mais en fouillant, on découvre un carrot cake bien parfumé à la cannelle, un riz noir au lait, un siphon à la carotte, une glace au gochujang et même une carotte caramélisée. À côté, des petits soufflés frits, fourrés eux aussi à la carotte. C’est bon, très bien fait, mais on commence à saturer un peu, 7 c’est beaucoup finalement.
Une infusion glacée vient ensuite “nettoyer” notre palais, comme une pause bienvenue avant le final.
Septième et dernier plat : une panna cotta à base de chicatanas, des grosses fourmis mexicaines séchées, considérées comme un met d’exception. C’est accompagné d’un assortiment de chocolats sous différentes formes (crème, cookie, morceaux), et d’une glace au poivre de Sichuan. Bon, si on ne nous l’avait pas dit, on n’aurait jamais deviné qu’on mangeait de l’insecte. Et franchement, c’est la cerise sur le gâteau de ce repas étonnant du début à la fin.
Catarsis nous a totalement retourné le cerveau et les papilles. Nous qui pensions simplement grignoter quelques douceurs curieuses, on s’est retrouvées à vivre une véritable expérience gastronomique, aussi belle que déroutante. Même en étant 100% team salé à la base, on a été bluffées par l’équilibre des saveurs et la créativité de la cheffe mexicaine Lorena Mireles-Flores. Chaque plat est une œuvre d’art, qui mêle avec brio le sucre, le sel, l’acide… Bref, un feu d’artifice gustatif qu’on ne voit pas venir. Que vous soyez bec sucré ou amateur de plats salés, on vous recommande chaudement d’aller tester ce concept unique, ne serait-ce que par curiosité !
Catarsis
🏠 10 Rue des Trois-Maries, 69005 Lyon
🚇 Métro D – Arrêt Vieux Lyon
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