
Un angle inédit, sensible, qui nous donne à voir cette sombre période de l’histoire à hauteur d’enfant.
La guerre vue depuis la chambre d’enfant

Dès les premières salles se dessine un fil rouge : l’enfance perçoit la guerre autrement que les adultes. Une citation affichée dans la dernière salle résume tout :
« Si je parle de cette époque comme on parle des grandes vacances, c’est que gamin, j’ai cru assister, avec le détachement de l’enfance, simplement à un spectacle. »
Ces mots de l’illustrateur Tomi Ungerer auraient pu ouvrir l’exposition tant ils en captent l’esprit. L’idée n’est pas de minimiser la violence de l’époque, mais de montrer comment elle a traversé le quotidien des plus jeunes : par leurs jouets, leurs jeux, leurs rêves.
Cette expo a été rendue possible par plusieurs prêts institutionnels, mais surtout par une grande collecte auprès des Lyonnais. Cela donne à l’ensemble une authenticité rare : on découvre des photos d’une troublante banalité au milieu d’un monde qui s’effondre, et surtout des jeux et jouets rescapés de l’enfer.

Des jouets qui ont traversé l’horreur
L’exposition débute par des pièces assez marquantes. On y fait la rencontre de Michel, un adorable baigneur. C’était le seul jouet qu’Hélène, une petite fille juive, a emporté dans sa fuite. Après avoir suivi sa maitresse dans son parcours pour survivre, Michel est resté des décennies dans un grenier avant de réapparaître 80 ans plus tard, devenu objet-phare de cette expo.

On croise aussi Tichien, la peluche offerte à Annie lors de son premier Noël en 1942 par sa mère qui décèdera un an plus tard. Maison de poupées, petits soldats, peluches… Ces objets sont là, devant nous, chargés d’un poids silencieux, celui de vies suspendues, de familles éclatées, d’enfances cabossées.

Autant d’objets pour autant d’histoires qui ne finissent pas toujours bien. Denise et Micheline, deux fillettes juives arrêtées à Lyon, n’ont pas pu emporter leurs deux poupées. Elles seront déportées à Auschwitz et ne reviendront pas. Leurs poupées, l’une habillée de bleu, l’autre de rose, présentées dans l’expo, apparaissent aujourd’hui comme un tombeau symbolique.

Le jeu comme propagande, refuge ou acte de survie

À travers ces objets, l’expo développe aussi une réflexion passionnante sur le rôle du jeu dans la société.Le jeu peut être un outil de propagande : on découvre par exemple un jeu de l’oie version Vichy, très « Travail, Famille, Patrie ». Après la Libération, il devient un moyen de valoriser la Résistance ou les forces alliées.
Il peut aussi servir de miroir du quotidien : certains enfants jouaient à la marchande avec… des tickets de rationnement. D’autres confectionnent des figurines en découpant des silhouettes dans les magazines.
Et même quand tout espoir semble éteint, le jeu persiste : certaines poupées bricolées dans les camps de concentration témoignent d’une créativité obstinée, presque d’un besoin vital de continuer à imaginer.
La force d’abstraction de l’enfance

Au fil des salles, une émotion douce-amère s’installe. Les objets exposés racontent des horreurs, mais ils dégagent paradoxalement une grande douceur. Comme si la naïveté des enfants était un bouclier fragile contre la barbarie.
Une anecdote illustre parfaitement cette idée : une petite fille raconte avoir eu bien plus peur de la Méchante Reine de Blanche Neige et les Sept Nains (vu par des millions de Français à l’époque) que des soldats allemands. L’enfance filtre la réalité, la réinvente, la transforme pour pouvoir la supporter.
Une exposition qui touche droit au cœur
Ce qui se dégage au final, c’est la portée universelle du jeu. Jouer pour oublier qu’on a faim. Jouer pour oublier qu’on a peur. Jouer pour continuer d’être un enfant, même quand le monde s’écroule.
La Guerre en Jeux n’est pas seulement une exposition : c’est une leçon d’humanité. Une expo pour comprendre. Une expo pour ressentir. Et surtout, une expo pour ne jamais oublier.
La Guerre en Jeux au Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation
🏠 14 avenue Berthelot, 69007 Lyon
🚇 Métro B arrêt Jean Macé ou Tram T1 arrêt Centre Berthelot
📅 Jusqu’au 7 juin 2026
⏰ Ouvert du mercredi au dimanche, de 10h à 18h
💰 8€ (6€ pour les moins de 25 ans)
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