Cette création lyrique raconte l’histoire poignante d’une femme à la fois ordinaire et puissante. Après avoir été quittée par son mari, cette ouvrière élève seule ses deux enfants, jusqu’au jour où, épuisée par sa vie et la charge mentale qui lui incombe, elle finit par séquestrer son patron.
On vous donne donc 4 bonnes raisons d’aller voir cet opéra d’un genre unique.
1 – Une création mondiale hyper attendue
Prenez un texte de théâtre, remarquablement adapté en un roman coup de poing, récompensé du prix Anaïs Nin en 2020 (Otages de Nina Bouraoui).
Ajoutez un compositeur transdisciplinaire talentueux (Sebastian Rivas, codirecteur du GRAME et de la Biennale des Musiques Exploratoires à Lyon) avec un brillant metteur en scène (Richard Brunel, directeur de l’Opéra de Lyon) et vous obtenez l’un des événements les plus avant-garde à Lyon. Cette création mondiale, qui traite avec une féroce acuité l’un des sujets chauds du moment, ne peut pas être plus dans l’air du temps.
2 – Une distribution très féminine
C’est assez rare pour le souligner : la distribution est très féminine. Dirigée par la cheffe d’orchestre Rut Schereiner, Otages met en scène 9 musiciennes. Ce groupe de femmes, surnommées “les abeilles” par l’héroïne, fait partie intégrante de la pièce puisqu’elles incarnent les autres employées de l’entreprise où se déroule l’histoire. De plus, tous les personnages masculins sont incarnés par un seul soliste, comme pour figurer la masculinité et le patriarcat dans sa globalité.
3 – Les textes percutants de Nina Bouraoui
Initialement imaginé comme une pièce de théâtre, le roman de Nina Bouraoui est ponctué de phrases courtes et saccadées qui se prêtent particulièrement bien à la scène. L’auteure excelle dans sa capacité à décrire les perceptions féminines face à un séisme intime. Son texte est un cri sourd (mais aussi poétique) contre toutes les formes d’aliénation et de domination. Sylvie, l’héroïne du roman, passe progressivement d’héroïne du quotidien, supportant tâches répétées et rythme de vie infernal à héroïne vengeresse et désespérée, prête à briser les chaines de la domination patriarcale, quitte à commettre l’irréparable.
4 – Un personnage saisissant
Tout aussi attachante et inspirante dans le texte de théatre que dans le roman, le personnage de Sylvie, prend une tout autre dimension dans cette pièce. La bluffante soliste Nicola Beller Carbone, sur qui repose une grande partie de l’efficacité d’Otages, incarne à la perfection cette héroïne moderne. Entre texte parlé et chanté, sa voix de mezzo-soprano s’amuse avec des allitérations, des symétries et autres échos. La performance magistrale de la soliste rend cet opéra unique.
Vous l’aurez compris, cette pièce inédite et féministe annonce un grand opéra résolument moderne. On vous recommande donc chaudement de prendre rapidement vos places, et ce, d’autant plus que les prix restent abordables (ça pourrait même être une 5e bonne raison). Comptez 27€ en plein tarif et 14€ pour les moins de 28 ans.
Otages
🏠 Théâtre de la Croix-Rousse, place Joannès Ambre
69004 Lyon
📅 Du 17 au 23 mars 2024
👉 Plus d’infos et réservation
2 commentaires
Nous venons de sortir de la séance du 17 mars 2024, la première, je pense, et nous avons été très déçus. Je précise que nous ne sommes pas des habitués du théâtre contemporain ; nous fréquentons plutôt la Comédie Odéon ou l’Opéra de Lyon. Comme c’était un cadeau, nous y sommes allés, ce qui pourrait introduire un biais dans notre avis.
Nous avons apprécié :
La mise en scène et l’orchestre. D’un point de vue technique, c’était parfait et a dû demander un travail considérable.
Le fond du texte, abordant un thème d’actualité.
Nous n’avons pas aimé :
Les dialogues lents, interminables et répétitifs. La transition du parlé au chanté était maladroite, frisant parfois la parodie. L’utilisation répétée de “Sylvie” et “Je suis en colèèèèèèèère, je suis en colÈÈÈÈÈÈÈre” était insupportable.
Nous avons visionné la vidéo de la pièce de 2020 de la Comédie de Valence pour comparer, et il n’y avait aucune similitude. L’actrice de 2020 parlait beaucoup plus vite, ce qui rendait la pièce plus théâtrale et pas seulement un enchaînement de chants lyriques, ce qui, pour nous, ne fonctionne pas.
La musique ANGOISSANTE, digne d’un film d’horreur, omniprésente. Aucun répit. Le style musical était très chaotique. C’est une question de goût, mais cela ne mettait absolument pas en valeur l’orchestre.
Lorsque je lis cet article qui parle d’un “opéra d’un genre unique”, je comprends mieux ! C’est certainement unique, et je comprends pourquoi ! Peut-être trop original, mais au bout de 30 minutes, nous voulions partir, et nous n’étions pas les seuls.
Pour conclure, je pense que la pièce de 2020 était bien meilleure. Celle-ci manquait de rythme et comportait trop de chants malaisants et sonnant faux.
Nous ne voyons que 2 à 3 pièces par an et ne sommes pas des professionnels du théâtre. Ce commentaire est celui d’un amateur qui souhaitait simplement passer une heure agréable, et j’en ressors avec un sentiment de malaise. Je précise que c’est la première fois que j’écris une critique sur une pièce, veuillez m’excuser si je manque de précision dans les termes techniques. 🙂
Merci de nous avoir partagé votre avis