Quand on vit à Lyon depuis plusieurs années et qu’on aime le bien manger, il est difficile de passer à côté de Sonia Ezgulian. Son joli blog L’épluche-sardine, ses carnets de recettes sur Moleskine, son restaurant l’Oxalis, qu’elle a tenu dans le 1er arrondissement entre 1999 et 2006, ses nombreuses publications de livres et ses photos gourmandes postées régulièrement sur son compte instagram, font d’elle une figure locale de la cuisine lyonnaise.
Quand on vit à Lyon, et qu’on aime la Bande Dessinée, difficile aussi de passer à côté de l’auteur Guillaume Long qui nous régale depuis plusieurs années de ses chroniques culinaires dessinées. On retrouve dans sa série “A boire et à manger” des histoires de recettes, astuces malicieuses, tests de restaurant lyonnais et récits de voyages gourmands. Le tout raconté de son humour railleur et son ton faussement naïf.
Voilà donc deux sommités lyonnaises, (dont, vous l’aurez compris, je suis grande fan), qui ont un jour eu une super idée : faire une bédé ensemble. Qui ne rêve pas de se faufiler dans les coulisses de cette rencontre, pour savoir comment est né ce beau bébé gourmand ? J’ai eu cette chance : m’attabler avec eux à les écouter parler de plaisir de table, de transmission et de l’histoire de leur rencontre, autour d’anchois marinés, de beurre d’algue et d’un divin tataki de thon (une “dînette” précisera modestement Sonia, un festin pour moi).
Et elle parle de quoi cette BD ?
“Un chapitre, une rencontre, un plat”
Sonia raconte ses rencontres autour d’un plat ou d’un repas qui a changé sa vie. Guillaume s’illustre à ses côtés (comme dans ses albums précédents) en observateur espiègle, commis maladroit et ami attentif.
Pourquoi elle est indispensable ?
J’ai retrouvé tout ce qui me fait marrer dans les planches de Guillaume et les précédents tomes d’ABAM (A boire et à manger). Monsieur Gallimard et son gros cigare, les recettes (très) bavardes, les légumes qui parlent et toutes ces petites débilités réjouissantes. Dans certaines planches, la gourmandise des plats est traitée avec beaucoup de poésie. C’est très beau. Et ça donne très faim.
Les histoires émouvantes que raconte Sonia, sont remplies d’anecdotes malicieuses et de personnages attachants. A la lecture de ces petits paragraphes, je n’ai pu m’empêcher de revoir ma grand mère cuisiner son couscous “à la Hongroise” blindé de paprika. En bonus, Sonia partage à la fin de l’album une trentaine de recettes illustrées ainsi qu’un carnet de bonnes adresses.
On grignote cet ouvrage en plusieurs petites bouchées et on y retourne avec grand plaisir.
Dans les coulisses d’à boire et à manger
Guillaume me montre son carnet de notes noirci d’anecdotes, de trucs techniques et de descriptions du décor (et de croquis qui n’ont rien à voir). Comme il est occupé à écrire, ce n’est pas évident pour lui de mettre la main à la pâte. “J’ai aussi pris une centaine de photos qui m’aident à recréer une ambiance ou un plat dans mes dessins”.
Sonia rajoute, “Guillaume a un don d’observation ; il capte des petites subtilités, des expressions…. et arrive à recréer complètement l’esprit de la rencontre et des recettes”.
S’en suit une des étapes primordiales de création : la dégustation des plats. Parce que c’est ça, avant tout, l’histoire de ce livre. De délicieux moments partagés entre amis.
Sonia me raconte la genèse du projet.
On a mis du temps à trouver l’angle d’attaque. Puis j’ai dit à Guillaume : La cuisine ce n’est pas juste une histoire de recettes. Ce qui marche, c’est l’émotion. Et pour comprendre ça, il faut que je te parle des gens qui me touchent et qui m’émeuvent. Ce sont ces moments qui m’ont fait avancer dans ma cuisine et dans les recettes que je créées. Moi il y a des repas qui me marqueront toute ma vie.
Guillaume rajoute, “je rejoins Sonia. Ce qui est important, ce n’est pas la recette, c’est l’histoire qu’il y a autour. Dans ABAM, ça a toujours été mon propos. C’est pour ça qu’on s’est bien entendu sur le projet, et aussi pour cette raison qu’à un moment j’ai arrêté de cuisiner et j’ai ouvert mes oreilles à fond pour saisir les petites anecdotes et bien comprendre les personnages.”
Sonia: “Au début, quand j’ai vu mon personnage pour la première fois, j’avoue que ce n’était pas facile. Déjà que j’ai un problème avec les photos… Alors avec le dessin ! Il faut arriver à accepter la part de caricature. Puis quand je l’ai vu prendre vie, alors là… HORRIBLE ! c’est une espèce de mégère qui n’arrête pas de houspiller tout le monde.
Mais au fond, il y a tellement de tendresse dans les dessins de Guillaume que ça ne me pose pas de problème.”
Guillaume : “Si j’avais fait de Sonia un personnage extrêmement gentil et généreux (ce qu’elle est dans la vraie vie, quoi), le lecteur se serait vite ennuyé.”
Les bonnes adresses lyonnaises de Sonia et Guillaume
Je tiens juste à préciser qu’à ce moment du repas, Sonia est en train de nous resservir une quatrième tranche de thon parce que “de toute façon, le thon cru, ça ne se conserve pas”. J’en profite pour me renseigner sur les bonnes adresses de poissonnerie, mon quartier (le 7ème) en manquant cruellement.
Les Bonnes adresses de Sonia :
– Poissonnerie le Saint Pierre rue du mail à la Croix rousse. Ils ont des coquillages à tomber par terre et des produits ultra frais.
– Boucherie Bio Bello dans le 2ème et La Bressane place Jules Guesde.
– Partisan Boulanger à la Croix rousse.
– Pour les légumes et les fruits, je fais les marchés presque tous les jours où je retrouve mes petits producteurs préférés.
– Pour les restaurants, Le Canut et les Gones à la Croix-Rousse. C’est LA bonne adresse que je fréquente depuis des années et qui est toujours au top niveau rapport qualité/prix. J’aime aussi beaucoup Les Apothicaire et Takao Takano
Les bonnes adresses de Guillaume :
– Le marché des producteurs de la place Carnot le mercredi après-midi.
– Le Super U du 2 ème qui a un très bon approvisionnement
– La boucherie Bello
Pour les restos, la dernière fois que j’ai fait “waou”, c’était au Café Sillon. Mathieu Rostaing cuisine avec génie et fait des plats qu’on ne retrouvera pas ailleurs.
Sinon, avec Sonia, nous sommes allés manger récemment au Café Arsène dans le 2ème et c’était très très bien (hummm la terrine).
J’aime aussi beaucoup Terra et Wasabi, 2 excellents restaurants japonais.
Mais mon grand regret à Lyon, c’est de n’avoir encore jamais trouvé LA pizza de mes rêves. En revanche, mon burger préféré, c’est au Rem’s que je le mange.
Bookez vos agendas
Les lire :
A partir du 18 mai, retrouvez dans toutes les librairies À boire et à Manger avec Sonia Ezgulian – Par Guillaume Long – aux éditions Gallimard
Les écouter :
Sonia et Guillaume sont invités par François-Regis Gaudry dans sa géniale émission On va déguster, ce dimanche 14 Mai à 11h sur France Inter.
Les rencontrer :
– Guillaume le jeudi 18 mai (pour l’apéro grignotage) à la librairie Expérience de 18h à (je cite l’artiste) “jusqu’à ce que mort s’ensuive”
– Sonia le jeudi 18 mai, à la Librairie Pleine Lune à Tassin
– Enfin, vous pourrez les retrouver tous les deux au festival Lyon BD pour les Confidences sur l’oreiller, le Dimanche 11 juin à 16h30 à l’Opéra de Lyon
Les suivre :
? A boire et à manger – Le blog de Guillaume Long
? L’instagram méga-miam de Guillaume
? L’épluche Sardine – Le Blog de Sonia Ezgulian
? L’instagram super-gourmand de Sonia