C’est la semaine spéciale lecteurs sur CityCrunch. Les lecteurs prennent les commandes du site et partagent avec vous leurs coups de cœur, coups de gueule et autres récits du quotidien. Aujourd’hui, Biechel nous parle de son métier de restaurateur, et des avis pas toujours constructifs des internautes ! Petit coup de gueule imminent !
Chers lectrices et lecteurs,
Restaurateur depuis plus de 20 ans, je vais tenter humblement de retranscrire ce que bon nombre de mes collègues ressentent à la lecture des différent avis donnés sur leurs établissements.
En préambule, je voudrais dire que nous exerçons un métier exceptionnel : nous vous vendons du plaisir ! Nous avons la chance de bien manger et bien boire en permanence ! Et cerise sur le pompon : on est même quasiment devenus des rock stars ces dernières années depuis les topchouf, masterchouf et autres challenges médiatiques type « qui sera le meilleur gaufrier ? ».
Mais, bien souvent, les gens oublient les contraintes et la difficulté de notre métier. Nous travaillons entre 12h00 et 15h00 par jour, le soir et le week-end compris ! Nos revenus ne sont quand même pas foufou pour l’engagement que cela demande, les tâches pas forcément gratifiantes (celles que l’on voit pas à la télé : plonges, nettoyages, je vous passe les vidages de poulet, « désâretage » de filet de rouget à la pince à épiler et autres…). Tout ça avec le devoir d’être sympathique et bienveillant avec chaque client qui nous rend visite.
C’est pourquoi, bon nombre de restaurateurs vivent certaines critiques comme de véritables agressions ingrates, démoralisantes et très souvent injustifiées ! Pour votre gouverne, nous sommes une majorité à ne même plus lire les commentaires.
Les éloges
Les commentaires élogieux font, certes, plaisir, mais on ne se caresse pas des heures durant en les relisant, en se disant “oh wouah, je suis vraiment le meilleur”. Pour être franc, je pense que c’est juste la « normalité » de ce que nous recherchons dans notre métier. Notre vocation est de vous faire passer un bon moment chez nous, ni plus, ni moins.
Les remarques constructives
D’autres commentaires peuvent nous reprocher des choses mais, restent constructifs. Ils nous aident à nous améliorer, nous prenons en compte les points négatifs et positifs, les suggestions d’améliorations. Lorsque l’on voit l’emploi de la fameuse formule tels que « j’aurais préféré, à mon goût, personnellement… », on se dit qu’on peut toujours faire mieux, et cela nous donne une raison de continuer. Bref de l’objectivité, du positivisme, de la suggestion, quoi !
Albert Londres de la critique gastronomique
Et puis, il y a les autres… Ceux que j’aime appeler, non sans ironie, les : « Albert Londres de la critique gastronomique ». Ceux qui, derrière leurs écrans, démontent ton restaurant avec une perversion à faire rougir le Marquis de Sade ! Des heures de travail, d’investissement et aussi de galères bafoués par des haters pure souche. Bien sûr, ils ne te le disent pas en face ou même dans un mail privé, non c’est beaucoup plus sympa sur Internet en anonyme, voyons !
Mais, savez-vous de quoi vous parlez ?
Quelle est leur légitimité ? Sont-ils de véritables gastronomes qui cuisinent chez eux ? Vont-ils 3 à 4 fois au restaurant par semaine minimum ? Connaissent-ils les produits et les vins sur le bout des doigts. Sont-ils conscients des contraintes de la restauration ?
Parfois je me demande, donnent-ils leurs avis sur tout dans la vie quotidienne ? De l’épicerie d’en bas qui « n’est pas très bien achalandée », au garagiste qui « ne leur a pas bien monté le carbu », en passant par le dernier Johnny qui « ne sera jamais aussi bien que le Bercy 86 ». Sérieusement, big up aux personnes qui vivent avec ce genre de personnes constamment insatisfaites !
J’ai vu tellement de gens se dire gourmets et être totalement ignares dès que l’on pousse un peu la conversation. Vous voulez une anecdote véridique ? Une « Blogueuse culinaire » (tsss…) qui suite à une erreur de service, s’est retrouvée avec du poulet à la place d’un magret et fut fort surprise de l’arrivée du magret à sa table, accompagné des excuses de la serveuse. Pourquoi ? Tout simplement parce que “Madame je m’y connais aussi bien que toi chef”, n’avait même pas remarqué que ce n’était pas ce qu’elle avait commandé …
On peut ne pas avoir aimé un restaurant. Mais je ne comprendrai jamais comment on peut perdre du temps à casser quelqu’un qui bosse (bien ou mal d’ailleurs), alors que l’on peut ré-écouter le Melody Nelson de Serge (alias Dieu). Perso, si je ne travaillais pas autant, je ne passerai pas mes soirées à dire “Alors, qu’est-ce qui m’a saoulé aujourd’hui pour que je puisse me venger ?” Chaque restaurant a son public. C’est totalement subjectif et extrêmement prétentieux de décréter détenir le goût des autres (et pas seulement culinairement parlant) !
3 commentaires
Bonjour d’abord à ce restaurateur.
C’est très bien d’avoir écrit cet article. Je suis complètement d’accord avec vous.
Pour ma part je prend le temps d’écrire un commentaire lorsque je suis totalement pour l’existence d’un restaurant et que je souhaite que les personnes qui doutent dessus arrêtent de douter.
Ce serait bien que tout le monde fasse de même.
Je souhaite toutefois défendre un peu les gourmets. Il est vrai que certains exagèrent. Mais il y en a d’autres qui transmettent leurs remarques au restaurant et se font envoyer bouler…
Tout le monde peut avoir un coup de fatigue. Mais le client reste le client.
S’il aime il a le droit de le faire savoir, de même s’il n’aime pas.
Et si malheureusement beaucoup de clients sont mécontents… peut être est-il temps de se remettre en question.
Si vous avez un avis négatif d’un client, n’hésitez pas à donner une explication au mécontentement. Les futurs clients y sont sensibles.
Bien à vous.
Je pense que si un resto se fait démonter c’est souvent à 90% à cause du service. C’est malheureux de voir des restaurants avec des serveurs(es) incapable de transmettre l’énergie du chef. Enfin généralement quand j’ai une envie de foutre un sale commentaire c’est vraiment que les gars se sont foutus de ma g***. Maintenant, j’ai rarement été déçu à Lyon et tant mieux! Pour ma part, la très grande majorité de mes critiques sont et resterons avec un 5 étoiles sinon je ne perd pas mon temps. L’idée est quand même de remercier les gars aux fourneaux qu’on a pas eu la chance de croiser en fin de soirée ou le midi.
Bon courage à vous pour la suite.
Quel article minable ! Les arguments avancés sont d’une tristesse désolante. La restauration est un milieu qui demande énormément de sacrifices et d’investissements. Et donc quand on a un métier difficile, on ne peut pas être remis en question ? C’est vraiment un discours fainéant de gens du métier qui discutent entre eux et se plaignent des clients. De quel droit ? Vous êtes bien contents de la gloire et des avis positifs. Ca c’est mérité. Mais si on ose dire que ce jour là vous étiez désagréable, alors là mais QUI EST-ON POUR PARLER ? De quel droit ? Est-ce qu’on est de la restauration ? Quel est notre légitimité ? Calmez-vous et arrêtez de vous croire intouchables. Votre métier est un métier au service d’un client. Le client est roi. Point barre. Est-ce qu’il y a des abus de certains clients ? Evidemment. Mais ma satisfaction n’est pas un dû juste parce que vous vous êtes réveillé tôt pour ouvrir. C’est injuste mais c’est comme ça. On s’en fiche de la vie personnelle des enseignants, on ne veut surtout pas que le médecin soit influencé par sa vie, etc … Et vous, désolé mais c’est pareil. C’est terrible à dire mais on s’en fiche des excuses. Si on vient chez vous et on paye, il faut assurer. Si ce n’est pas à la hauteur, ce sera mon avis. Et même un enfant de 4 ans a le droit de dire que votre plat est froid. Pas besoin d’avoir bossé pour Michelin avant de s’exprimer. Bref, la vie est injuste, il est temps de s’y habituer. J’ose espérer que vous faites votre métier par amour de votre art et du client à qui vous rêvez de faire passer un beau moment. Si on aime son client, on arrête de le mépriser et de le rabaisser pour protéger son ego.