Aujourd’hui sur CityCrunch, on va vous raconter comment on a vécu cette dernière semaine. On a l’habitude de vous montrer régulièrement les coulisses de notre petit média local. Il nous semblait important de le faire encore en cette période complètement folle.
Et puis, je crois qu’on a besoin de coucher sur le papier clavier ce qu’on a vécu, comme pour se convaincre que ce qui est en train de se passer est bien réel. Ecrire est aussi un bon remède face à l’angoisse qui monte en nous à certains moments. Ecrire aussi pour s’en souvenir, dans longtemps, quand on y repensera comme les anciens avec la guerre.
Alors, c’est parti, accrochez vos ceintures, nous rentrons dans une zone de grosses turbulences.
Lundi 9 mars
La semaine démarre à peu près normalement. Certes, les rassemblements de plus de 5 000 personnes ont été interdits mais tout ça nous paraît encore loin. Le Coronavirus est encore pour nous cette “simple grippe” qui paralyse la Chine. Alors on vaque à nos occupations habituelles : calculer les stats du week-end, rédiger les bons plans de la semaine, caler les articles à venir ainsi que le prochain numéro du magazine papier qui doit sortir le 1er avril.
La vie est plutôt chouette en ce moment chez CityCrunch. Les audiences sont très bonnes et on a plein de projets dans les cartons. Un nouveau recrutement est prévu juste avant l’été et une édition à Paris doit être lancée à la rentrée. On ne se doutait pas qu’en quelques heures tout serait balayé avec la violence d’un tsunami.
Mardi 10 mars
En arrivant au bureau, on continue de se faire des blagues sur le virus et on se dit bonjour en faisant coucou de loin. Mais déjà on commence à rire jaune. Je pense qu’inconsciemment on a compris qu’on allait pas pouvoir échapper au pire. Mais cela nous parait encore tellement incroyable, hors normes et insolite que notre cerveau refuse de se rendre à l’évidence.
C’est seulement quand l’annonce de l’interdiction des rassemblements de plus de 1000 personnes est annoncée qu’on percute. Là, on a compris qu’on allait vivre des moments très compliqués.
Dans les minutes qui suivent l’annonce, on commence à avoir les premiers coups de fil et mails de nos annonceurs pour annuler des campagnes de pub. En fin de journée, tous les projets d’événements sont mis en stand-by.
Après cette journée inquiétante, je reste pourtant optimiste. Ça va aller, ça va passer, ça ne sera pas aussi violent que dans les autres pays. J’étais dans le déni total.
Mercredi 11 mars
Cette journée illustrerait parfaitement l’expression “Le calme avant la tempête”. On apprend que Macron a prévu de s’exprimer jeudi soir. Nos clients et annonceurs suspendent leur décision à cette allocution. Alors on attend. On prépare quand même des articles et les bons plans du week-end, comme à notre habitude.
Jeudi 12 mars
La journée se passe plutôt bien. Notre nouvelle Pochette Surprise de printemps est prête, on fait une super réunion sur le projet Love Boat, les croisières électro qu’on organise avec nos copains du Livestation pendant les Nuits Sonores.
A 20h00. Des cris de joies retentissent dans la rue. Des étudiants acclament l’annonce de la fermeture des écoles et des universités.
Vendredi 13 mars
Malgré l’angoisse qui monte, on publie les bons plans du week-end.
A midi, la nouvelle tombe : les rassemblements de plus de 100 personnes sont interdits. Certains lieux annoncent rapidement s’adapter en limitant leur jauge. Mais on devine que ce sera inutile. On a compris que le confinement total du pays n’était plus qu’une question d’heures. Bientôt il n’y aura plus de bars, de restos, de boutiques, de concerts, d’expo… La ligne éditoriale entière de CityCrunch allait s’écrouler comme un château de carte.
On remet à jour les bons plans du week-end en catastrophe, la moitié des événements sont annulés.
En début d’après-midi, le Petit Bulletin qui s’occupe de commercialiser nos pubs et de produire et distribuer notre Magazine Papier nous annonce qu’ils ferment pour une durée indéterminée.
Je passe le reste de l’après-midi complètement hébété. J’ai l’impression d’être sur une plage face à un tsunami : la vague qui arrive est tellement grosse que je comprends qu’on ne pourra se réfugier nulle part.
Samedi 14 mars
La sentence tombe aux alentours de 20h. Elle est d’une violence extrême. Les bars, les restos et les commerces non essentiels doivent fermer d’ici minuit. Clap de fin, comme ça, sans préavis. On passe la soirée à s’envoyer des messages, à appeler nos potes restaurateurs pour les soutenir. Putain de virus !
Cette fois c’est parti, on plonge dans l’inconnu, comme à bord d’une montagne russe dans laquelle on aurait oublié d’attacher les harnais.
Ça faisait plusieurs jours qu’on réfléchissait à un changement de ligne éditoriale en cas de confinement. Il faut maintenant passer à l’action. Je fais un mail à tout le monde : les chroniqueurs et les chefs d’édition dans les autres villes. J’essaye de les rassurer et de leur donner les grandes lignes de ce qu’on va mettre en place. Mais en vrai je suis aussi perdu qu’eux.
Dimanche 15 mars
Je me réveille abattu. J’ai envie de rester sous ma couette. J’ai envie de tout mettre en stand by et “partir” en vacances dans mon appart jusqu’au retour à la normale.
Mais je me rappelle que je suis pas tout seul. Si j’ai commencé l’aventure CityCrunch dans mon coin, un paquet de monde gravite autour du projet aujourd’hui. Mon associé, notre salariée, nos prestataires, les chefs d’édition, les chroniqueurs et puis le nombre maintenant assez conséquent de gens qui nous lisent. Je ne peux pas laisser tout le monde en plan.
Plus je réfléchis, plus je me dis que je peux pas baisser les bras. En tant que média local, CityCrunch a un rôle à jouer dans cette crise. Alors certes, on est pas des experts en santé ou en épidémiologie, mais on a quand même une sacrée expérience après 8 ans d’existence pour dénicher des bons plans et faire sourire nos lecteurs.
Alors je sors de mon lit et commence à réfléchir à quelques idées. En fin de matinée mon associé m’envoie un texto “On se laisse la journée pour souffler et on s’appelle demain pour le plan de bataille”. Comme souvent je suis d’accord avec lui. On va souffler un bon coup, on va se retrousser les manches et on va la mener cette bataille !
La suite au prochain épisode…
8 commentaires
De tout coeur avec vous, merci pour ce partage d’expérience, et merci de ne pas être resté sous la couette : on est sans doute plusieurs à être heureux de vous lire…peace et patience 😉
Bon courage à toute la team LCC
Merci de continuer à être là avec nous et bon courage les chatons ?
On se sert les coudes !
Un retour aux sources avec un billet qui conte tes questions, doutes et inquiétudes autour de ce que nous subissons tous.
Plus que jamais, je viendrai tous les jours zyeuter par ici car les mots qu’on met sur les maux, cela fait du bien !
Merci Qyrool !
Toujours à l’affut d’un bon plan City Crunch, même en cas de confinement !
Restez chez vous et continuez à avoir de bonnes idées… si, si, si…
On s’en servira quand le virus aura trépassé
Désolée, j’ai envie d’être optimiste rêveuse pour conjurer ces mauvaises nouvelles
Et on n’oublie pas d’ouvrir sa fenêtre et d’applaudir le personnel médical et les soignants tous les soirs à 20h
Bon vent à tous et à bientôt pour des nouvelles
bravo pour vos articles, tjs avec le petit grain d optimisme qui vous caractérise ! continuez
Courage à toute la Team! Et courage à tous en fait 🙂 Merci de continuer à nous régaler, et nous donner plein d’idées super pour nous occuper après la journée de télétravail!!!