Lundi 16 mars
Nous y voilà ! Nous avons fait un grand saut dans l’inconnu. L’Etat a annoncé la fermeture de tous les établissements non essentiels. La ligne éditoriale de CityCrunch vient d’exploser en plein vol. On attaque la semaine en mode sidération. On a beau être motivés, optimistes et plein d’idées pour s’adapter, une énorme boule d’angoisse nous tord le ventre.
Le plus dur dans cette situation c’est qu’on a aucune visibilité sur la suite. Ce n’est pas le genre de difficultés qu’on a l’habitude de rencontrer quand on gère une boite. Il nous est arrivé plein de galères par le passé, mais des galères concrètes et identifiables. Là on a du mal à définir notre adversaire. On a l’habitude de conseiller aux chefs d’entreprise d’avoir une vision de l’avenir de sa boîte sur 5 ans. Là, on a même pas de visibilité à 5 semaines (voire 5 jours… )
Comme le dira le Président quelques jours plus tard, nous sommes en guerre. Pour CityCrunch ça se traduit d’abord par une guerre éditoriale. Il va falloir qu’on s’adapte et qu’on imagine d’autres contenus. Le problème c’est qu’on se retrouve en frontal avec tous les médias nationaux qui parlent tous du confinement (Alors qu’on était qu’une petite poignée avant à parler des lieux de sorties à Lyon).
C’est aussi une guerre de trésorerie. Notre navire à été touché ! Il va falloir boucher les trous (à savoir limiter au maximum les sorties d’argent) mais aussi écoper pour se remettre à flot (faire rentrer un maximum d’argent). Comme on a une gestion financière à la papa, notre trésorerie est plutôt saine mais comme on est aussi du genre bisounours, on a pas mal d’argent dehors et nos clients nous doivent pas mal d’argent. Le problème : c’est que vu que tout le monde est dans une sacrée panade, ils sont tous arc-boutés sur leur pognon.
En fin de journée, aux vues de nombreuses personnes qui ne respectent pas les consignes, le premier ministre annonce le confinement obligatoire dès le lendemain midi. Gloups !
Mardi 17 mars
C’est dans ces moments que tu es content d’avoir un bon comptable. On fait le point avec lui. Entre l’arrêt de notre régie pub, l’annulation ou le report de nos événements, et les projets à l’arrêt, le trou d’air s’annonce glaçant. Faire tourner CityCrunch nous coûte entre 15000€ et 20000€ par mois et nos revenus ont fondu comme neige au soleil. On espère ne pas sombrer.
Heureusement on va pouvoir repousser certaines échéances et demander la mise en place du chômage partiel pour notre salariée. Je me connecte au site du gouvernement pour activer le dit chômage, mais le site est complètement saturé.
Dans l’après-midi, vu qu’on se dit qu’on ne va pas pouvoir faire d’apéro CityCrunch pendant un bon moment, on lance un Apéro Fenêtre du Vendredi sur Facebook. Plus de 5000 personnes s’inscrivent en quelques heures.
Niveau article, les idées fusent de toutes parts. On échange pas mal avec les chefs de ville (CityCrunch est présent à Lille, Montpellier, Montreal et Saint-Etienne). Leur présence et leurs bonnes idées sont précieuses et permettent de garder la motivation. Les chroniqueurs quant à eux débordent d’imagination. Ca fait tellement plaisir de voir que la grande famille CityCrunch reste soudée dans ce genre de situation. J’en profite d’ailleurs pour les remercier tous mille fois de ne pas avoir quitter le navire en pleine tempête !
A 3h du matin, après avoir mis un réveil, j’arrive à me connecter au site pour le chômage partiel. Victoire !
Mercredi 18 mars
On est déjà au milieu de la semaine et j’ai toujours du mal à bosser sereinement. Je passe énormément de temps sur les réseaux sociaux et les sites d’info. Comme si je cherchais des réponses à toutes mes inquiétudes. Je sens que je suis dans un cercle vicieux et finis par tout couper pour essayer d’avancer efficacement.
D’un point de vue éditorial on s’en sort pas trop mal. On publie beaucoup plus qu’avant car on tient à relayer toutes les bonnes initiatives qu’on voit passer. Cela nous met tellement de baume au coeur de voir que certains lieux ou collectifs essayent de proposer des choses pour tenir un semblant de lien social et d’activité qu’on veut le partager au plus grand nombre.
Nos articles réalisent de bonnes audiences, mais malheureusement le trafic général du site est quant même 50% plus bas que d’habitude. Tous nos articles bars, restos et sorties ne génèrent plus aucune visite.
En fin de journée, l’Apéro Fenêtre du Vendredi dépasse les 20 000 participants.
Jeudi 19 mars
Grâce au super taf de mon associé, on commence à y voir plus clair en matière de trésorerie. On sait à peu près sur quels clients ont va pouvoir compter pour la suite. Mais si le brouillard s’est un peu levé sur le montant de notre trésor de guerre, on a toujours très peu de visibilité sur la suite. Combien de temps le confinement va durer, quand allons-nous pouvoir refaire des événements, est-ce qu’à la crise sanitaire suivra une crise économique et si oui combien d’années va-t-elle durer… Bref, il va falloir qu’on navigue encore un peu a vu pour quelques mois.
Vendredi 20 mars
En début de matinée on publie nos premiers Bons Plans du Week-end à la Maison, la version confinement de nos Bons Plans du Week-end à Lyon. Les concerts, expos, ventes de plantes et vide-dressing laissent leur place aux films, aux livres, aux jeux de société et à d’autres activités pour occuper ses journées.
De son côté, l’Apéro Fenêtre du Vendredi commence à échapper à notre contrôle. Plus de 30 000 personnes sont inscrites sur Facebook (on a fini par en créer un groupe) et l’événement a fait des petits aux 4 coins de la France. On est contacté par des journalistes pour parler de l’événement et je finis par être interviewé en direct sur BFM en début de soirée.
Commencer la semaine au fond du trou et la finir en passant à la TV. Cette période est décidément très bizarre !
La suite au prochain épisode….
2 commentaires
Salut Qyrool,
Quel semaine rebondissante vous avez vécu !
J’espère que le rebond sera pérenne lorsque cette histoire sera très loin de nous… Hélas, cela n’est pas dans un futur proche.
Sinon question ligne éditoriale, cela ne va pas être sans conséquence ce revirement que vous avez opéré, peut-être que post-confinement,cela restera peut-être dans l’ADN.
Croquez bien la vie, ami(e)s Citycrunchers !
On se dit à Vendredi, à la fenêtre alors !
A Star Is Born 😉
Faut voir les côtés positifs dans chaque coup dur… Bravo!