C’est la semaine spéciale lecteurs sur CityCrunch. Les lecteurs prennent les commandes du site et partagent avec vous (et nous) leurs coups de cœur, leurs avis, leurs découvertes et autres pensées inspirés de leur quotidien de Lyonnais.
Marie nous raconte ici sa dernière balade hors de Lyon.. A déguster sans modération !
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Citadins urbains de la ville quoi.
– Oh m**** !! Réveille-toi !
– Hum ?
– On va rater le train là ! Je vais m’habiller, prends de l’eau, je m’occupe du pique-nique.
Je saute du lit. Enfin presque, c’est un lit mezzanine, tranquille donc. Enfile mon jean. A l’envers. Au top. Pourquoi on fait ça déjà ? Ah oui, prendre l’air.
– T’es levé ?
– Hum…
5h45 – Un Lever difficile
Ok. Je calcule. Il est 5h45, le train est à 6h14, départ sur le quai de la gare Part-Dieu.
- Option une : à pieds, vingt minutes.
- Options deux : vélo, dix minutes.
- Option trois : trottinette, huit minutes, mais encore faut-il qu’il y en ait dans les parages.
Ça y est, il émerge. J’ai une chaussure au pied, je balance deux pommes dans mon sac à dos et j’attrape une écharpe en même temps. Je crois que je suis prête. Lui aussi, à priori. Manque les chaussures quoi. Ça peut être utile pour une randonnée.
5h55, je détache l’antivol de mon vélo, direction la gare, en espérant qu’on soit dans les temps. Dans les rues, personnes, ou presque : seuls quelques lyonnais probablement en plein « walk of shame ». Je suis un peu fière que mes cernes ne soit pas dus à une fin de soirée compliquée mais plutôt à un réveil matinal en vue d’une journée sportive. Comme une vraie adulte responsable quoi.
6h08 – Un trajet mouvementé
C’est presque glauque Part Dieu quand il n’y a personne. Il est 6h08, pour moi on est super shorts, mais il prend le temps d’attraper un croissant et un café. Un jour, j’aimerais être aussi calme face au stress. Cinq minutes plus tard nous sommes dans le train, arrivée prévue à Grenoble dans une heure vingt environ. Je relâche un peu la pression, savoure mon café (oui j’ai quand même pris un café). Derrière la vitre du train, les paysages défilent, encore enveloppés de brume accrochée au fond des vallons. Finalement, les premiers contreforts du massif de la Chartreuse apparaissent…
– Mesdames et messieurs notre train arrive en gare de Grenoble. Nous espérons que … blablabla.
Nous avons une heure devant nous, une heure avant de prendre le bus et atteindre le début de notre randonnée. Notre arrêt est à une vingtaine de minutes de marche. Le temps est clair, frais mais pas trop, la journée promet d’être ensoleillée. Petit café au PMU en face de l’Abribus, je me détends, tout en jetant un œil qui se veut discret toutes les trois minutes sur l’horloge de mon téléphone.
– J’ai plus de monnaie, j’ai payé les cafés avec !
Nous sommes dans la file d’attente, devant l’entrée du bus qui doit nous amener sur les hauteurs de Chartreuse.
– Ce n’est pas grave.
– Mais on va faire comment ? Ils prennent la carte bancaire ? Les chèques ? Ah mais nan j’ai pas de chéquier. La carte resto ??
Haha. HA. HA. Comprendre : rire jaune.
– Il faut que tu télécharges l’application, en plus les tickets seront moins chers.
– Mais je n’aurai jamais le temps !
La file se réduit, nous nous rapprochons peu à peu de l’avant du bus.
Je râle, attrape mon téléphone, fébrile. C’est où déjà pour chercher une appli ? Ah oui, aller go, TAG, ça télécharge. C’est long. Je râle. Encore. On avait une heure pour le faire.
Ok, j’ai mon billet, lui aussi, ça bip vert quand on valide, nickel. Nous nous faufilons au fond du bus, au milieu d’étudiants guillerets tout heureux de partir en balade. Ça discute et ça s’enjaille autour de nous, alors que le bus s’attaque vaillamment aux premières pentes du massif. Les virages se suivent et se ressemblent, ça tourne, vite, un peu comme mon estomac. Et finalement, le Col de Porte. Ô soulagement. Quelques minutes de plus et les deux cafés avalés ce matin auraient fini sur l’appui tête du siège de devant.
Milieu de matinée – Pas de réseau
L’endroit est magnifique : nous sommes entourés de larges sommets dont les pentes herbues descendent abruptement jusque nous. Nous ne sommes qu’à 1326 mètres d’altitude, mais déjà, l’air est plus pur, minéral.
– C’est par où ?
– Euh… ? Attends, je regarde. C’est quoi déjà le nom de la rando ?
Pas de réseau. Je répète, PAS DE RESEAU. Citadins urbains de la ville (notez le pléonasme multiple) pas fichus de faire une randonnée sans leur téléphone. Aucun de nous deux n’a de cartes IGN bien entendu. Ce serait trop simple. On est là pour le challenge nous ! « A vaincre sans triomphe … ». Nan c’est pas ça. « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ! ». Là. Voilà c’est posé. De toute façon, on ne sait même plus quelle randonnée on voulait faire. LOL.
– On a qu’à suivre les autres, on verra bien.
Nous voilà partis sur la trace d’étudiants en mal d’aventure, mais qui, eux, ont prévu leur itinéraire. Puis, un quart d’heure plus tard, un panneau :
– « Chamechaude, 3h10 », ce n’est pas ça qu’on voulait faire ?
– Peut-être. On a qu’à faire ça, ça a l’air cool.
2ème milieu de matinée – Ça grimpe
Et ça promet.
Go pour l’ascension, ça grimpe dur mais c’est magnifique. Le chemin serpente doucement entre les arbres, avant de déboucher brutalement sur une pente rocailleuse recouverte d’éboulis.
L’horizon se dégage, dévoilant largement les sommets alentours du massif de la Chartreuse. Nous croisons des randonneurs de tout âge, c’est fou comme la marche rassemble. Tout le monde se salut, s’encourage, chacun avec son objectif.
Nous continuons de grimper, longeant la crête de Chamechaude. De l’autre côté, au moins quatre cents mètres de vide. Chute impardonnable. Alors que nous accédons enfin au sommet à l’aide de barreaux de fer fixés à même la roche, le vent s’est levé, déstabilisant.
Souffle coupé (par la vue mais aussi par le vent) : la chaîne des Alpes se dessine sous nos yeux, dentelle minérale finement découpée. Au Nord-Est, le Mont Blanc, ça claque, et en direction du Sud, le Mont Aiguille, majestueux.
– Bon, il y a du vent nan ?
– Vient on fait un selfie quand même.
– Ouais t’as raison.
*Clic de l’appareil photo du téléphone*
Début d’après-midi – On a faim
– J’ai faim.
– Moi aussi.
Nous redescendons par le même chemin, basculant progressivement sur le flan abrité de la montagne. Pause sandwich bien mérité, au soleil, même si le fond de l’air reste frais. Nous ne tardons pas, délogés par une bande de moineaux des montagnes affamés.
Lorsque nous atteignons finalement l’arrêt de bus par lequel nous sommes arrivés, il est à peine 15 heures. Le prochain bus n’est qu’à 16h51. Au top. La fatigue commence à se faire sentir et je commence à me dire que je me poserais bien devant une série…
Après dix minutes d’attente le pouce levé, quinze minutes de voiture, une heure d’attente, une heure de bus et vingt minutes de marche, nous posons enfin nos fesses dans le train en direction de Lyon.
20h04 – Bières & Cie
*pschhttt*
Décapsulage des bières, achetés sur la route à Grenoble. Première gorgée. Bonheur. Arrivée maison 20h03. Ecroulement sur canapé 20h04.
Sinon c’est super cool la rando !