L’autre soir, je dînais chez des amis et on a fait exactement comme d’habitude quand on passe à table : on a parlé bouffe. C’est entre 2 services de rougail saucisse pimenté que j’ai constaté que personne ne savait ce qu’était un “Tacos à la française”.
#vieux.
Et pourtant, cet emblème de la street-food populaire, aurait été créé, selon la légende, au début des années 2000 à Vaulx-en-Velin, commercialisé à partir de 2006 à Grenoble dans le snack les Tacos de Lyon, pour revenir envahir les périphéries des villes Rhône-alpines. C’est uniquement à partir de 2015 que Paris commence à voir des chaînes comme les géants O’Tacos, Mister Tacos ou Tacos Avenue envahir la capitale et le reste de la France.
Comment ce sandwich chaud complètement décadent, croisement entre la galette kébab et un burrito (de loin), a réussi à mettre une grosse fessée à notre bon vieux kébab aujourd’hui boudé par les jeunes ?
Si vous êtes déjà ceinture noire en French tacos, rendez-vous à la fin de l’article pour
découvrir quelle est cette adresse branchée lyonnaise qui nous propose un tacos de luxe très gourmand. Sinon, la suite est faite pour vous.
Alors, c’est quoi le Tacos Lyonnais ou “French tacos” ?
Si vous sortez d’un vortex temporel qui vous aurait privé de mordre au moins une fois dans cette “audacieuse” (oui je mets des guillemets) invention, voilà à côté de quoi vous êtes passés.
TACOS, LA RECETTE DE BASE
- Une galette de blé, ou plusieurs galettes assemblées entre elles
- Fourrée d’une, de deux ou même – grand fou – de 3 viandes halal : bœuf haché, poulet grillé, merguez, cordon bleu (what ?)… nuggets… On fait pas dans la finesse.
- IMPORTANT : les frites DANS la galette.
- Une sauce au choix parmi les classiques de kébab. Préférence à l’Algérienne ou la samouraï pour que ça pique un peu
- Facultatif : des légumes cuits de type tchektchouka
- INDISPENSABLE : la fameuse sauce fromagère. C’est elle qui va donner toute sa singularité à la recette
- Cuisson au toasteur panini ou, pour certains, au four avec option gratinage sous le grill
Le résultat : une sorte d’oreiller doré et moelleux (on l’appelle aussi matelas, pour vous donner une idée), où tous les ingrédients sont amalgamés de façon homogène à l’intérieur. Et c’est ça qui fait sa force. Ultra intense, gras et savoureux, sans aspérités, réconfortant par sa densité et sa chaleur.
A partir de 4 € (pour le baby tacos), on a un plat unique qui cale le bide et réchauffe les entrailles.
Bon à savoir
La recette de la fameuse sauce fromagère :
crème fraiche entière, fromage type Kiri,
gruyère ou emmental, ou plus chic, du comté fondu
et du poivre noir
Mythique Tacos
Si la street-food depuis quelques années, s’est mise à jouer la carte du sain et du développement durable avec le bingo gagnant : maison, bio, local et de saison, le tacos, lui, s’en bat les steaks.
Il est constitué essentiellement d’ingrédients industriels, de frites surgelées, de sauces pleines d’additifs qui commencent par E200truc… et d’une quantité indécente de viande pas forcément française.
Tombé dans la marmite des réseaux sociaux quand il était petit, le tacos devient rapidement un objet culte de la culture street, prenant le contre-pied des codes gastronomiques du moment. Il représente l’excès et la provoc ; très vite, tout le monde se met à filmer sa préparation ou sa dégustation en mode #foodporn (et ce, bien avant que tout le contenu de nos assiettes se retrouve sur insta).
Viralité et rivalité
Rien ne vaut une bonne guéguerre pour entretenir une légende. On l’appelle tacos lyonnais, mais WHAT ? à c’qui parait, l’inventeur serait grenoblois ?
Après la mini série en 3 épisodes « Tacos Origine« , c’est au tour du maire de Grenoble, Eric Piolle, de prendre la parole sur son compte twitter. Pour lui, le French Tacos est grenoblois (dit-il en taguant notre maire Gregory Doucet dont on attend encore la réponse).
N’empêche que les chaînes de snack spécialisées dans le tacos continuent de se développer dans le monde, embarquant avec elles la légende Rhône-Alpine et se retrouvant à la carte d’un resto de cuisine du monde de Seattle à 30$ l’assiette. C’est d’ailleurs super amusant de voir comment on parle de ce sandwich à l’étranger. « French Algérien Tacos are Amazing » balance cet artiste américain quarantenaire sur son compte insta.
Le tacos chic de Bellie est-il encore un tacos ?
Le resto Bellie, qui n’a rien d’un snack de rue, a voulu s’amuser à réinventer la recette du tacos Lyonnais dont on retrouve effectivement quelques-uns des codes. Principalement, la générosité et l’apport calorique.
- On a la viande : jarret de veau et épaule d’agneau (pas halal par contre) cuits à basse température et effilochés
- Du fromage à raclette qui remplace la sauce fromagère. Too Much ? Non ! C’est absolument génial.
- Les pommes de terre sautées font office de frites, mais en mieux
- On continue avec une fondue d’oignons
- Une sauce barbecue splendide sur le dessus. Et une sauce biggy (mayonnaise, échalotes, cornichons), en dessous.
- Pour finir, un petit coup au grill puis au chalumeau et plein de cacahuètes et herbes fraîches en topping
Là où on s’éloigne vraiment du sujet, c’est à propos de la galette. On a ici remplacé les tortillas de blé par de la feuille de brick bien grasse et croustillante. Limite, encore plus fat que l’original.
Allez ! Une petite critique au milieu de cette dégustation orgasmique : impossible de le manger avec les doigts.
Et le prix : 15 € (à partager).
La super série Tacos Origins pour en apprendre encore plus sur le French Tacos
1 commentaire
Sérieusement ??