Après les jardins partagés (on vous en a parlé ici) qui permettent de transformer un bout de terrain en potager collectif, voici venu les Incroyables Comestibles. Ça tombe bien, la semaine dernière c’était la Semaine européenne du Développement Durable et COP21 est sur toutes les lèvres.
J’ai découvert ce mouvement à Saint-Étienne (hé ouais ! la ville verte ne l’est pas seulement par son club de foot) lors d’un marché horticole en mars dernier.
Les Incroyables Comestibles, c’est la déclinaison française du mouvement anglais « Incredible Edibles », né en 2008 dans la petite ville de Todmorden, près de Manchester. On retrouve un peu l’esprit du guerilla gardening (ou street gardening, son autre nom) à savoir remettre la nature au cœur de la ville. La différence, c’est que là où le guerilla gardening sème des graines de fleurs et de plantes décoratives pour remettre du vert sur notre gris asphalte (mon dieu, la poésie m’envahit), Les Incroyables Comestibles, comme leur nom l’indique, produisent du mangeable.
C’est quoi exactement ?
A l’origine, les habitants de Todmorden se sont mis à faire des potagers devant chez eux, sur le carré de pelouse devant leur maison anglaise typique. L’idée était de produire des fruits, des légumes, des plantes aromatiques qui seront destinés, non pas pour leur consommation personnelle, mais à être offerts aux passants.
Les petits potagers surmontés de pancarte « Nourriture à partager » ont rapidement attiré l’œil. Les gens sont venus ramasser et cueillir les produits et ont échangé avec les jardiniers généreux. Du lien s’est créé. Et pour ceux disposant d’une parcelle d’herbe, les cueilleurs sont par la suite devenus jardiniers eux aussi.
L’esprit de solidarité et d’échange a fonctionné à plein. Tout le monde s’y est mis au point que le village a pris le projet très à cœur et décidé de se lancer dans le défi de l’autosuffisance. Près de 10 ans après, le village fonctionne à 83 % d’autosuffisance. Pas mal, non ?
Dans quel but ?
C’est connu, le jardinage a des vertus thérapeutiques. Le but ici, c’est autant de donner du temps et l’objet de son travail que de recevoir ; les gens qui ramassent votre production la consommeront certainement avec plus de plaisir et d’attention que les biens comestibles achetés en supermarché.
Solidarité, lien social, économie participative, autosuffisance parfois, démarche écolo, dév dur etc. Toutes ces thématiques sont très fortement liées ici.
Bien sûr, l’idée de proposer à tous gratuitement des légumes cultivés sur votre parcelle de terre est un peu babos, on ne va pas le nier. Mais au-delà de ce constat un peu rapide et condescendant, on se rend vite compte de ses effets : elle renforce la solidarité et le lien entre ceux qui prennent/reçoivent et ceux qui donnent.
Tu mets à disposition le fruit de ta production potagère à disposition des passants en plantant une affichette « c’est gratuit, prenez-moi ». C’est un esprit très « je donne et ça me fait du bien ».
L’adaptation à la sauce française
Évidemment, dans une grande ville telle que Lyon, où l’anonymat et l’individualisme sont plus présents et où l’architecture est différente, il faut adapter le projet autrement. Squatter une terrasse en hauteur le long d’un trottoir, face à un commerce, un terrain abandonné et ouvert à tous (il ne s’agit pas de squatter des terrains vagues).
Pour autant, le mouvement a gagné le pays et des villes se sont lancées à leur tour. D’initiative personnelle et citoyenne, on est passé à un grand mouvement paysan urbain suivi et accompagné par la mairie comme à Albi, vitrine française des Incroyables Comestibles.
En discutant avec la personne représentant le mouvement lors du marché à Saint-Étienne, je lui ai fait part de mon scepticisme / risques demande s’il n’y a pas trop de vandalisme. Si c’est gratuit, les plants vont être saccagés, les fruits et légumes pris avant même qu’ils ne soient mûrs. Il me répond que paradoxalement, le petit panneau « Nourriture à partager » aurait des vertus : là où il est, les gens n’osent pas. Peur d’une mauvaise blague ?
A Lyon, j’ai relevé quelques spots, ô surprise, non situés chez nos amis les bobos des pentes et de la Croix-Rousse (en retard d’une mode les gars ? :D) mais notamment dans le mal-aimé 3ème :
- Place Bir-Hakeim (Lyon 3) : ouvert le 7 mai dernier, de la mélisse et de la menthe ont été mises dans des gros pots de conserve récupérés chez des restaurateurs. Ces 2 plantes poussent comme du chiendent, ce sera donc parfait pour les mojitos des habitants du coin ! On trouve aussi des petits pois et des plants de tomate : de quoi accompagner les mojitos à l’apéro.
- Bistrot à Tisser – 71 rue Jeanne d’Arc (Lyon 3, quartier de Montchat) : vous trouverez de la menthe, du basilic et des salades sur les fenêtres du bistrot
- Place Guichard (Lyon 7) : un plant de menthe a été planté
Des pages facebook se montent pour permettent d’échanger sur les nouveaux spots et de suivre la pousse des potagers !
☞ www.facebook.com/IncroyablesComestiblesLyon
Ouvrez l’œil pour les trouver et aidez le(s) jardinier(s) à développer ces mini potagers en mettant la main à la pâte (arrosage, nettoyage des mauvaises herbes et herbes fanées, remplissage des bouteilles d’eau, ajout d’engrais naturel comme des sachets de thé sec, du marc de café). Et s’il n’y en a pas près de chez vous, lancez-vous !
17 commentaires
J’en ai vu aussi devant la MJC des Rancy (la Maison pour Tous, près de la Place Guichard aussi, qui soit-dit en passant est dans le 3è, pas dans le 7è). Il y a plusieurs bacs. 😉
Merci Dorothée du tuyau ! Et de la correction d’adresse. Mais bon dieu, y’a que le 3ème qui aime les IC ? Ou le 3ème concurrencerait-il le 7ème dans la vague écolo-alter 😀
… de l’anglais “Incredible EDIBLE”, ça le fait plus : )
Bonne idée cet article, et super mouvement !
merci G !
Il y aussi un bac montée de la grande côte, sur la terrasse du trokson.
C’est un super mouvement mais pour l’instant on ne peut pas dire que ça marche. si au début quelques personnes sont motivées, il y a un réel manque de motivation aux mois de juillet et août. Les plantes manquent réellement d’eau, qui peut aussi s’expliquer par le fait qu’il n’y a pas d’arrivée d’eau à proximité des bacs le plus souvent. Mais votre article est très bien, j’espère qu’il permettra à ce mouvement de s’agrandir et de mieux fonctionner ! 🙂
+1.
That shared garden of vegetables and herbs was one of the little wonders we loved about moving to the Pentes.
Merci mama, c’est vrai que c’est un petit travail de tous les jours et collectif. Il faut relancer ce petit bac montée de la grande côte ! Peut-être en demandant aux cafés proches une bouteille d’eau pour un arrosage quotidien ?
Haaaan mais il faut que je lance ça à Vaise ! 😉
Super article !
Mais oui Clém !! Qu’il n’y en ait pas déjà dans ce hipsterhood m’étonne 😉
Sans que ce soit fait exprès, je pense avoir vu de la rhubarbe sur les quais du Rhône dans le 7ème.. Est-ce que je me trompe ?
Merci Mumumo, je vais aller vérifier ça. Tu te rappelles à quel niveau c’est ?
Pour compléter encore un peu :
– un nouveau bac va bientôt être construit et installer devant la Maison des Rancy
– les bacs de la rue Leynaud / Montée de la Grande Cote n’ont rien de petit, d’où la difficulté de les entretenir (le dons hommage à ceux qui l’ont fait en 2013 et 2014, parce que sans point t d’eau à proximité c’était sport !)
– il y a aussi des Incroyables Comestibles super sympa à Oullins !
– le groupe de Decines cherche des personnes motivées pour se relancer
– des étudiants ont lancé l’initiative à Vaulx en Vélin cette année sur le campus
– encore dans le 3eme, il y a des bacs Incroyables Comestibles à côté du jardin partagé des Coccinelles de Sans Souci
– et enfin, Villeurbanne pourrait se relancer sous l’impulsion d’un noyau de personnes motivées (l’initiative intéressé du monde là bas, à bon entendeur !)
Top top top Lucie ! Merci pour routes css infos, ça donne du baume au moral ! Allez les cruncheurs, investissez les mini potagers de votre ville ou de votre quartier !
Tout d’abord merci pour ce bel article !!
Je fais partie des pionniers (-ère :)) des installations place bir hakeim alors attention préparez vous ( sisi les gens s’investissent sur le long terme ^^) on vous donne rendez vous ce jeudi pour faire tout plein de plantations dans deux bacs qui nous ont été gracieusement installés par la ville et dans deux parterres jusqu’à présent abandonnés ! Au menu : Du sirop de sureau, la rencontre de plein de gens motivés, et le partage toujours et encore d’expériences, de plants, de graines, si vous venez nous rencontrer pour vous lancer à votre tour !
Soyez donc les bienvenus à partir de 18h sur la place bir hakeim pour venir profiter de notre enthousiasme et de l’abondance 🙂
Merci encore, et à très bientôt !
Ps : même pour des bons plans style récupération de palettes/plans/paille/fumier/outils de jardin etc n’hésitez pas à nous contacter et si vous êtes pas loin suivez nous sur le fb d’incroyables comestibles place bir hakeim !
Hi haaaa ! Merci merci Elvine-prisca ! Je n’ai pas réussi à contacter la team de Bir Hakeim, pas grave elle est venue à moi 🙂
Super contente que le projet avance dans ce petit coin du 3ème. J’essaierai de passer vous voir jeudi.
sur le 1er lien en début de phrase, y’a un mailto en trop 😉
Le mouvement prend bcp d’ampleur depuis DEMAIN LE FILM et sur Lyon ça bouge bien, ce mouvement est toujours à la recherche de visibilité et donc de mains, n’hésitez pas à venir lors d’une réunion d’inform’ation