“On voit bien que tu n’as pas connu la guerre !”
Qui n’a jamais eu le droit à cette réflexion venant de la part de sa mémé adorée (mais qui cuisine atrocement mal) ou d’une vieille tante un peu aigrie (et qui persiste à mijoter des plats à base de foie et de cervelle parce que “c’est bon pour les enfants” – bien qu’ils aient tous passé le cap de la trentaine…) devant une assiette pas terminée.
Le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation consacre sa nouvelle exposition à cette thématique :
Alimentation et pénurie en temps de guerre
Intitulée “Les Jours Sans” – une chanson interprétée par Fernandel en 1941 – cette exposition remet en perspective le quotidien des Français durant et après la Seconde Guerre mondiale.
La pénurie qui amène la mise en place de cartes de rationnement (selon l’âge et la profession), les restrictions, l’inflation (imaginez le prix de votre panier de course multiplié par quatre !)… Et les stratégies mises en place pour pouvoir se nourrir malgré tout : intégration des produits non rationnés dans l’alimentation quotidienne (les fameux rutabagas et topinambours dont les AMAPs remplissent nos paniers tout l’hiver mais que beaucoup ne peuvent plus avaler…), mise en place de jardins familiaux ou ouvriers dans les villes, développement du troc, du “marché rose” (envoi de colis de nourriture depuis les campagnes) et du marché noir qui resta la principale source d’approvisionnement jusque la fin de la guerre…
Un enjeu vital donc mais également politique à travers les campagnes de propagande du gouvernement de Vichy qui tente d’imposer le modèle de la parfaite femme au foyer, entièrement dévouée à sa famille et à la vie domestique ; ou encore sanitaire avec le développement de maladies liées à la privation…
De la créativité dans la restriction
Si la thématique peut paraître plombante, la pénurie fut aussi une période forçant l’ingéniosité : pour déjouer le système de rationnement, améliorer le quotidien, avec par exemple des recettes pour accommoder les restes (les grattons ont-ils été inventés à cette époque ?)… et de créativité artistique avec de nombreuses chansons – parfois même humoristiques – ayant pour thème les restrictions !
Une exposition interactive
Conçue à la suite de l’exposition “Pour vous, Mesdames !” qui abordait un autre thème de la vie quotidienne en temps de guerre : les vêtements et la mode, cette nouvelle exposition conçue par le CHRD avec l’aide d’historiens et de chercheurs spécialistes du sujet se veut également interactive.
Des témoignages de personnes ayant connu ces privations en temps de guerre dans la région ont été collectés dans le cadre de cette exposition. Ils font l’objet d’une séquence spécifique, riche en émotions.
Les enregistrements des chansons de l’époque étant très rares, le CHRD a proposé aux classes du Conservatoire National Supérieur Musique et de Danse de Lyon de mettre en musique les partitions de l’époque, à découvrir au fil de l’expo…
De nombreux évènements seront également organisés autour de cette exposition : conférences, spectacles pour les adultes et le jeune-public, concerts, visites commentées, ateliers autour de la nourriture et cycle de films en partenariat avec le cinéma Comœdia…
Non seulement cette exposition a l’air passionnante, mais avouez que c’est aussi une excellente occasion de se rappeler que ce serait idiot de faire un régime avant l’été !
Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation
? Espace Berthelot – 14 avenue Berthelot – Lyon 7ème
? Métro : Jean Macé / Tram : Centre Berthelot
⏰ du mercredi au dimanche de 10h00 à 18h00
? Entrée : 6€ plein tarif / 4€ tarif réduit
? www.chrd.lyon.fr