Je voulais vous faire part d’une petite tranche de vie comme on dit. Un mini bouleversement post-confinement.
C’était mi mars, alors qu’on ne savait pas encore trop si cette “situation sans précédent” allait se prolonger ou s’arrêter une semaine plus tard.
Je me suis mise à courir le matin avec ma brassière de sport et mon smartphone branché sur les meilleurs podcasts de développement personnel (#jesuisuncliché). En rentrant de mon footing, la recherche d’une apparence décente n’étant plus une priorité, je glissais directement les pieds sous mon bureau pour me mettre en télétravail (#jesuisvraimentuncliché). Mais si je ne passais plus par la case douche-maquillage-habillage, je prenais quand même le temps de retirer mon carcan à nichons et mes baskets.
Une chose en entraînant une autre, les journées passent, les douches s’espacent (ne me jugez pas, on sait tous que la France entière s’est beaucoup moins lavée pendant le confinement), et le soutif ne refait son apparition qu’un jour sur trois, jusqu’à être finalement oublié au fond du panier de linge sale pour une durée indéterminée.
Il aura fallu donc à peine 2 mois pour voir disparaître de mon champ de vision la cause de presque 30 ans de pression physique et sociale.
Confort ou combat ?
Remettez bien dans le contexte que c’était jusqu’alors inconcevable pour moi et mon bonnet D de ne pas porter de soutien-gorge, principalement pour l’aspect pratique : pouvoir courir pour rattraper mon bus ou ne pas laisser de flaques humides inonder mon T Shirt façon demi-lunes. Bref : tout faire pour oublier que mes boobs existent.
Mais bon, ces derniers mois, j’ai pas beaucoup pris le bus.
Parce que, en vrai, c’est surtout ma pudeur que je porte. Ce sont mes gros seins (“mamelles de vache” comme on disait au collège – les enfants sont formidables) que je cache aux yeux du monde. La peur de gêner, de choquer, de provoquer ?
Et puis on sait pas, si jamais on voyait un peu trop les formes par transparence ou que (ho juste ciel) ça pointe. Prendrais-je le risque de provoquer une syncope, ou pire, une émeute ?
Déconfinénés !
Je m’en suis rendu compte ce jour là.
Mon grand moment à moi est arrivé un matin de marché ensoleillé. J’ai oublié. Je suis sortie sans ; mes nichons gigotants librement sous mon débardeur. J’ai pas vu le regard des gens, j’ai pas vu qu’on pouvait voir un peu à travers mon T Shirt, j’ai pas croisé d’air choqué, excité, dégoûté. En fait, j’ai rien vu de tout ça parce que j’en était à ce moment de grâce, assez rare dans ma vie je dois le dire, de m’en battre complètement les steaks de ce que pensent les autres -” autres” qui s’en foutent aussi très probablement d’ailleurs.
Depuis, je suis tombée sur des articles de magazines féminins vantant les mérites du mouvement No-bra et faisant l’apologie de l’absence de soutien-gorge, parce qu’il parait que “ça remonte la poitrine et que en plus, c’est super sexy”.
Donc après nous les avoir écrasé, corseté, pushupisé pendant des siècles, on nous dit qu’il faut les laisser ballotter librement ? Et sinon, on pourrait pas juste arrêter de nous dire ce qu’on doit faire de nos seins?
C’est vrai qu’il y a des aspects positifs. Pour ma part, j’ai moins mal aux dos, j’ai plus de grosses tranchées rouges incrustées dans les creux des épaules, et je respire. Mais loin de moi l’envie de convaincre que c’est mieux, parce que je sens déjà qu’on est en train de nous coller une nouvelle injonction sur le dos.
To be free or not to be ?
Donc voilà, on y est. Je suis en train d’atteindre le point “brûlage de soutif” de nos mamans. J’avais pas trop compris la beauté et le courage de cet acte avant de me projeter le faire.
Là, j’ai très envie de continuer à être dans cet état d’esprit qui oscille entre prise de pouvoir sur mon corps et confort. La prochaine étape serait donc de continuer ma vie sans, chaque jour, dans les rues de mon quartier, les bars, et même au bureau.
Mais est-ce que j’arriverai à garder ce sentiment de liberté et à me détacher du lourd poids des regards que l’éducation, la mode et la société font peser sur moi depuis plusieurs décennies ?
Dur à imaginer.
Mais ça vaut le coup d’essayer, d’un point de vue pratique et clairement politique.
Au prochain article, je vous raconte comment j’ai arrêté de m’épiler.
Références
Pour aller plus loin dans le sujet, allez jeter une oreille au podcast Quoi de Meuf.
#89 – Déconfinénés !
3 commentaires
Salut. Moi j’ai décidé de ne plus porter de caleçon. Eh oui, j’ai décidé de ne plus subir la pression sociale et politique, morale et religieuse, et surtout la pression du confort. Me balader les baboules à l’air libre, quel bonheur. Je n’ai pas croisé de regards choqués, excités ou dégouté. Enfin libre de prendre le bus en bull-out!
La prochaine fois, je tente de ne plus mettre de déo, aprés tout faut bien continuer à chercher des faux combats pour se sentir libre.
Je ne vois pas vraiment le rapport entre le soutif et le caleçon, il y a un équivalent direct qui s’appelle la culotte et incroyable mais vrai, ça n’a pas la même fonction qu’un soutien gorge (indice : la poitrine n’est pas un organe génital et le port du soutien-gorge n’est pas vraiment une question d’hygiène).
En tous cas Millie, cela fait à peu près un an que j’ai lâché le soutif les 3/4 du temps et je sens vraiment une différence de confort, j’ai carrément moins mal au dos en fin de journée (aussi parce que trouver un soutien-gorge à sa taille et qui coûte moins de 70 euros, c’est une sacrée galère dès lors qu’on a une taille atypique, team bonnet E et petit tour de dos).
J’ai croisé quelques regards un peu insistants quand “ça pointe”, mais pas plus.
Evidemment, chacun fait comme il veut, et ce serait complètement con de remplacer une injonction par une autre, mais après des décennies de “haaaan ne pas avoir de soutif c’est mooche et vulgaiiire beuuurk”, c’est assez plaisant d’avoir enfin un peu de lest là dessus !
Et perso, c’est surtout l’aspect économique qui me motive à les abandonner, c’est si cher ces machins D: En plus faut les laver à la main et tout si on ne veut pas qu’ils se détendent en trois mois, c’est chiant D:
D’ailleurs, pour Yaffa et les personnes qui trouvent le sujet vraiment futile (ce que je peux comprendre, surtout quand on ne connaît pas le sujet ou qu’on a une taille de soutif qui se trouve partout) : non, le port du soutien-gorge ne peut pas se comparer à un caleçon et un déodorant !
C’est une structure beaucoup plus complexe à manufacturer, et donc qui coûte forcément plus cher. Ça peut en plus être rapidement TRÈS compliqué de trouver le soutien-gorge à la bonne taille (il faut prendre en compte le tour de dos, le bonnet, la répartition du tissu mammaire sur le torse, l’écart entre les seins, la forme des seins… un soutien-gorge mal adapté peut faire mal, les baleines pouvant notamment s’appuyer sur le tissu mammaire.). S’il y a des personnes intéressées, il y a de supers ressources sur internet pour trouver le soutien-gorge parfait !
Bref, je vous invite à estimer le budget à compter pour 5 ou 6 soutien-gorges, à remplacer tous les un à deux ans environ (quand ils sont trop détendus pour encore servir à quelque chose) et à le comparer à votre budget caleçon ou déodorant.
Tout ça en gardant à l’esprit qu’un soutien-gorge qui n’est pas à la bonne taille n’a au mieux aucun effet sur le soutien (ce qui veut dire : mettre 50 balles dans un truc pour le même effet que de ne rien mettre, moins le confort), au pire peut être douloureux.
Je veux bien admettre que vous considériez ça comme un “faux combat” (même si je ne comprends pas trop ce que vous entendez par là ? A ce que je sache, la question du port du soutif n’empêche pas que l’on se consacre à d’autres combats en même temps, si ? Ou bien vous pensez qu’il ne faut s’occuper QUE des grandes causes et JAMAIS des plus petites, dans tous les domaines ?), mais j’espère que vous comprenez un peu mieux pourquoi, concrètement, le sujet du soutien-gorge n’est pas totalement anodin (et encore, je n’ai parlé que de l’aspect matériel de la chose) et que votre comparaison était un peu vaseuse (sans animosité aucune, ça arrive à tout le monde de faire des comparaisons vaseuses).
Et apparemment, le vrai effet du confinement et du chômage partiel sur moi, c’est que j’ai à présent beaucoup trop de temps à perdre et que je réponds à des commentaires sur internet. Comme quoi tout arrive, dans trois mois je vais sur reddit à ce rythme…
coucou,,, j ai abandonnée mes soutifs depuis le 12 septembre 2017 , suite a ma visite de contrôle a la clinique j ai refaite ma poitrine dans une clinique en belgique ( welnness) pour une augmentation mammaire , je me suis donc présenté dans son cabinet en top blanc avec un soutif par dessous il fesais beau ce jour la , je me déshabille pour l examen tout est ok un jolie bonnet E hé oui j aime les poitrines genereuses , je commence a mettre mon sg ,, quand soudain mon chichi me dit ,,, mais madame vous n en avez plus besoin ,,, j ai rangé mon sg dans mon sac ,,, mon homme et moi avons profité de faire une ballade dans bruxelle en top et sans soutif ,,, quel bonheur de ce sentir libre ,, je voyais bien les petits regards sur ma poitrine mais rien de plus ,, ou juste des petits sourires malicieux,, , alors autant en profiter a chaque regard je bombais le torse pour faire ressortir mes seins le top était legerement transparent cela laissait les piercings au tétons briller en dessous je sais je provoquais un peu mais j était fière de ma poitrine ,,, mon homme me dit toujours que si j ai refaite ma poitrine ce n est pas pour la cacher et il a bien raison croyez moi que maintenant je porte que des profond décolleté mème l hiver et au travail fini mes complexes et vive les gros nénés sans complexes,, essayer c est adopter