Quand j’ai découvert que le Barcandier avait fermé ses portes, j’ai pleuré, beaucoup. Puis j’ai attendu. Longtemps. Et enfin, j’ai vu un nouveau nom apparaître. Les Grévistes.
Mon imagination me fait marcher le long d’une plage Niçoise. Des galets blancs, quelques cris de mouettes, une odeur iodée.
Et bien, pas du tout !
Concept étonnant avec pour thématique : les mouvements sociaux
C’est l’équipe du Commerce et de Pignouf – ayant bien annexé la rue de Marseille depuis quelques années – qui a encore frappé.
Je les imagine bien les p’tits gars du marketing, au moment du brainstorming :
– Alors les gars, on va partir sur un concept de gaucho, y’en a plein le quartier, ça va car-to-ner !
– Ha ouais, trop bien. On pourrait se lâcher sur les noms des cocktails. En mode grosses manifs. Clivage gauche/droite.
– Et puis même qu’on mettrait tout plein de couverture de Charlie Hebdo dans des cadres, ils y aiment bien ça les gauchos. Ils sont Charlie !
– Ah ouais, trop bien. Et même qu’on pourrait pousser le concept jusqu’à faire des tout petits prix, pour soutenir les vraies gens qui font grève ?
– Ahah ! Alors toi, il faut toujours que tu en fasses des caisses (de grèves).
Une ambiance italiano-trendy des années 70
Bon, je m’étais fait une idée d’un bar plutôt nature peinture, avec un patron un peu ventru, une carte crasseuse, des murs fissurés et des consos à bas prix. Une fois de plus, je suis loin du compte. Le décor est très sophistiqué. On va même jusqu’à croiser une grosse Pipistrello dans un coin (vous voyez ces magnifiques lampes tulipes qu’on trouve chez tous les designers de la hype ?). Et puis, il y a les tabourets diabolos dorés, un sol rétro, des mobiliers tout en boiserie, des tables bistrots laquées noires, un bar miroir à facette, un serveur en chemise blanche et une carte de conso plutôt dans la moyenne de prix du quartier. La playlist, carrément plaisante, diffuse un rock année 80 rempli de la promesse d’une bonne soirée.
On boit quoi ?
Je me retrouve devant mon Gilet jaune. C’est le nom du cocktail : Chartreuse, Ricard et citron. Mon compagnon de soirée prendra le Mélanchoniste, Gin, sirop de Beaujolais. Je suis assez perplexe sur l’utilisation de combats sociaux dans un bar à cocktails, mais je reconnais aussi que c’est une bonne idée pour lancer les conversations hilarantes ou clivantes. Oui, car il y a un cocktail SMIC à “seulement” 9€ et un MEDEF à 12€. Hé oui, fallait pas s’attendre à ce que les consos soient au même prix qu’au camion saucisse de la CGT.
Mais à part ça, il faut le reconnaître, les cocktails sont excellents.
Snacks à partager, d’inspiration italienne
Notre table se remplit d’une assiette de sucrine croquante et son pecorino rappé déposé comme un nuage très salé, des sortes de gnocchi de pizza frites, à saucer dans une stracciatella coulante. Délice ! Vient aussi une assiette de légumes marinés encore croquants, accompagnés d’olives Taggiasche (les meilleurs de la terre). Pour deux, c’est pas le gros festin, mais c’est franchement suffisant et les prix sont assez doux.
Verdict
Si on fait l’impasse de ce concept – un peu problématique à mon sens – qui est de se servir du combat de personnes qui n’auront probablement jamais le loisir de venir boire un coup ici ; donc, si on fait l’impasse sur ce sujet, les Grévistes, c’est un sacré chouette bar. Les cocktails sont bons et bien travaillés, le lieu est magnifique et les snacks sont frais et coquins. L’ambiance y est encore un peu calme – le bar a ouvert il y a 2 semaines – mais elle devrait monter rapidement.
Mon regret ? C’est certainement pas l’endroit où j’irai boire un coup après une manif.
Les Grévistes
Cocktails : 10€ / snacks : entre 6€ et 10€ / Pinte de Bière en HH : 5 à 6€ / verre de vin : dès 4,5€
65 rue de Marseille, Lyon 69007
Tram T1 (Claude Bernard) et T2 (Berthelot) Métro B (Jean Macé)
Ouvert du mardi au samedi de 17h à 1h
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