Je lui ai moi aussi rendu visite en ce 11 novembre. Récit d’une exposition à ne pas rater…
3,2,1…décollez !
L’audioguide à peine enfilé, la scénographie déployée dans la première partie de l’exposition m’envoie directement dans le cockpit du Petit Prince. Pas une surprise quand on sait que cette œuvre est la plus traduite et la plus lue au monde !
Pourtant, je m’émerveille encore quand la voix du Petit Prince retentit dans mon casque et qu’il appairait dans le ciel étoilé de La Sucrière. Lumière tamisée, étoiles scintillantes, sculptures phosphorescentes parsèment la première salle. Le décor est planté : un univers tantôt féerique, tantôt cosmique, un jeune garçon aussi attachant qu’envoûtant, la mise en scène d’un chef d’œuvre comme une belle introduction en hommage à un auteur aux multiples facettes.
Après avoir visité plusieurs planètes en compagnie du Petit Prince, il est temps de partir à la
rencontre d’Antoine.
Venez pour le Petit Prince, restez pour Antoine
Me voilà déjà dans le cœur de l’exposition consacrée en sa deuxième partie à l’enfance et la vie de Saint-Exupéry. Les salles alternent objets, photographies et extraits de films inédits. C’est la voix de la mère d’Antoine de Saint-Exupéry qui guide la visite comme s’il était toujours resté un enfant. En parlant d’enfant, l’exposition ne leur parlera pas toujours mais reste adaptée accessible à partir de huit ans (à mon sens). Les grands enfants quant à eux se régalent !
Je reviens à mon mouton…
Né à Lyon en 1900 , l’écrivain est avant tout un pilote passionné depuis son plus jeune âge. Je découvre que le garçon a même tenté une première expérience d’aviation en mettant au point une bicyclette volante avant de réussir à convaincre un pilote expérimenté de l’embarquer, à douze ans seulement, pour son premier baptême de l’air. Culotté !
Fasciné par l’aviation, Saint-Exupéry devient d’abord un passeur de mots, engagé dans l’Aéropostale, avant de s’accomplir comme faiseur d’histoires. Sa passion n’a aucune limite : ni le désert, ni la mer, qu’il défie à de nombreuses reprises, non sans casse, puisqu’il connaîtra pas moins de 3 crashs de 1933 à 1938. Accidenté miraculé, il aurait pu réfléchir. Il choisit d’écrire.
Saint-Exupéry, l’écrivain entre terre et ciel.
L’exposition m’emmène alors à la rencontre de l’explorateur-observateur. Saint-Exupéry était un grand sensible, au sens physique comme littéral du terme. Je découvre sa silhouette, timide, mais ne passant pas inaperçue dans de nombreux clichés de ses multiples missions d’aviateur présentés durant la visite. Antoine avait des ailes mais il avait aussi une plume que j’observe avec émotion sur des carnets en tous genres où foisonnent notes manuscrites sérieuses et dessins d’enfant innocent.
« L’Aviateur », « Courrier Sud », « Vol de nuit », « Terre des hommes », « Pilote de guerre », « Lettre à un otage » se succèdent. Sa plume s’affûte. Saint-Exupéry observe, conte et raconte. Je redécouvre qu’il s’engage aussi, témoin d’une époque d’entre deux-guerres dans la force de l’âge quand éclate la seconde guerre mondiale au début de laquelle il organise son exil vers New-York. Il ne supportera d’ailleurs pas très longtemps d’être éloigné des airs puisqu’il reprendra des missions de reconnaissance pour son armée dès 1944.
Saint-Exupéry participe à l’effort de guerre ? Oui, mais il reste de la patrie des hommes. De tous les hommes. La mise en scène de l’exposition et les pièces inédites présentées révèlent un écrivain, philosophe humaniste, engagé, dénonçant une société de plus en plus moderne et capitaliste où l’homme n’est plus.
Il me renvoie ses doutes et questions et je sens donc pointer la chute de l’exposition et celle de Saint-Exupéry, à moins que le Petit Prince n’en décide autrement…
Le mystère du Petit Prince
31 juillet 1944 : Antoine de Saint-Exupéry décolle une nouvelle fois. La dernière fois. A l’époque, nul ne sait s’il s’est envolé pour les étoiles ou a rejoint le désert. L’histoire nous apprendra plus tard qu’un bombardier allemand a reconnu avoir abattu un avion de sa catégorie au-dessus de la
Méditerranée, comme en témoigne son épave retrouvée en 2000 au large de Marseille. Le clap de fin de l’exposition me paraît proche et pourtant, l’exposition se termine contre toute attente sur un retour aux sources d’un mythe. Celui du Petit Prince, publié à titre posthume. Le mystère demeure en effet : ce petit garçon a-t-il pu exister ? Est-il le fils qu’aurait tant aimé avoir son
auteur ou est-ce l’auteur lui-même à son plus jeune âge ? Les questions du Petit Prince raisonnent toujours dans le cœur des adultes. Et dans le mien aussi en cet instant. Sans doute est-ce là le succès de Saint-Exupéry : interroger les hommes en questionnant leur existence tout en gardant une certaine innocente.
Cette fois, l’exposition touche vraiment à sa fin (sniff). La dernière scénographie présente un spectacle audiovisuel où se superposent les visages d’Antoine et du du Petit prince, les deux messagers des temps modernes.
Merci Monsieur de Saint-Exupéry, un prince parmi les hommes.
PS : bonne nouvelle, l’exposition joue les prolongations jusqu’en janvier 2022 !
Antoine de Saint-Exupéry, un prince parmi les hommes
? La Sucrière, 49-50 Quai Rambaud, 69002 Lyon
? Tramway T1 – Arrêt Montrochet
? Jusqu’au 16 janvier 2022
⏰ De 10h à 18h du mardi au vendredi, de 10h à 19h les week-ends et vacances scolaires
? 15€
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