Tous les mois on demande à une personnalité lyonnaise de nous raconter ce qu’elle ferait si elle devait passer une ultime journée à Lyon.
Après avoir demandé à Emilie Ettori de nous raconter son dernier jour à Lyon, c’est au tour de l’inénarrable Charlotte, la Maman Ourse qui tient le non moins mythique Faute aux Ours, l’un des bars les plus décalés et fabuleux de Lyon.
Alors vas-y Charlotte, raconte nous ta dernière journée à Lyon …
10h00
Alors, le matin, j’irais tout bonnement me balader en ville vers 10 h ( oui, il ne faut pas oublier que je suis un être de la nuit, les journées ne commencent pas avant 10-11h, et encore ça c’est parce que je suis devenue une grande fille raisonnable, avant c’était 13-14h ).
Quand j’étais ado, je ne descendais pas du 47 qui était sensé me déposer devant mon lycée (oui, j’avoue, de toutes façons je me suis fait gauler par mon père il y a bien longtemps), mais je séchais souvent les cours et je trouvais mon plaisir à lever les yeux dans les rues du cœur de la Presqu’ile. Sensible à la lumière, j’éprouvais une grande sérénité à admirer les lignes de ces immeubles haussmanniens qui s’enfonçaient dans le gris du ciel (je suis une fan de l’hiver lyonnais) et je n’avais pas le pognon pour faire les boutiques alors cela me suffisait amplement ! Entre 9 et 10h Lyon est calme ! Les gens sont au travail, les commerçants s’apprêtent à ouvrir leur boutique et le tout est d’esquiver les livraisons à partir de 11h sinon tout ce que je viens de dire n’a plus d’intérêt ! C’est le bordel !
11h00
Ça tombe bien parce qu’à 11h j’ai la dalle, alors je vais marcher jusqu’à la Brasserie George. Ils sont en service continu mais je crois qu’ils commencent à midi pile ! Donc je vais marcher tranquille (ce que je n’ai jamais le temps de faire) je vais passer devant les disparues 8 nefs (qui étaient 7 quand j’étais petite et “avant c’était la Scala” comme dit mon père !), repiquer rue Edouard Herriot et me faire un bout du Passage de l’Argue en pensant à la boutique de farces et attrapes de la mère de Frédéric Dard, entrer dans les chapelleries, faire quelques essais et repartir avec un couvre chef !
Je traverse la place de la République, j’esquive les mecs qui te font faire des tests de yoghourts allégés, j’entre dans le grand Etam où j’ai travaillé pendant un an quand j’étais petite en me rappelant comme je pliais bien les vêtements et comme je conseillais bien les clientes. Je vais ensuite prendre la rue Belle Cordière en fermant les yeux et en repensant à comme elle était avant que le Mordor ne construise des remparts.
J’enquille rue des Marronniers, je vais faire un bisou à mes copains du métier à la Mère Jean et à l’Atelier d’Yvonne, je traverse Antonin Poncet et file au Stock Bellecour, regarde leurs Doc Marteens au cas où. Je récupère la rue de la Charité, je passe rue Franklin pour saluer l’âme étincelante d’Alice Kay, ma défunte et tant aimée prof de claquettes ! Je marche vite vite sur la fin de la rue Victor Hugo je ferme les yeux sous Perrache, et j’m’encanaille chez George ! Là j’crois bien qu’c’est l’heure !
12h00
Je prends :
- Un plateau d’huîtres
- La salade de lentilles
- Une choucroute ou une entrecôte beurre maître d’hôtel
- Du pinard bien sûr ( ils ont un bon St Esteve en 1/2 bouteille mais si j’suis chaude j’tape dans le local et je vise la boutenche )
- Un vacherin en dessert !
14h00
Là théoriquement je suis bien en forme, et puis j’ai décidé que le matin il faisait moche, mais on est au mois de mars et les nuages laissent place à des rayons de soleil l’aprem, qui adoucissent les températures et te donnent envie de faire l’apéro sur les quais ! ( l’apéro de l’après midi bien sûr, celui de 14/15h, ici en l’occurrence c’est un digeo).
Alors je file voir les copains, je vais à la Passagère, j’bois des verres de jus de fruit de hippie du type pomme-fraise pour me remettre de mon repas ! Les barmen se foutent de ma gueule bien sûr. Je reste au comptoir… car la lumière est belle à l’intérieur du bateau et puis surtout parce que, quoiqu’il arrive, ma place est au comptoir… Ou sur le dancefloor, mais là c’est un peu tôt pour le dancefloor. Puis à la Passa…on ne peut pas vraiment parler de dancefloor ! Ils mettent du reggae, ils sont de bonne humeur, ils sont tous en retour de bringue mais donnent tout car le monde s’entasse sur la terrasse !
Donc t’en bois un ! Et puis un shooter aussi parce que quand même !
15h00
Il fait beau, il est 15h, et j’ai encore des choses à voir ! Alors je file pour de vrai, je reviendrais sûrement plus tard… Je remonte les quais et j’me fais l’historique des ponts de Lyon ! Je vais faire un tour au Jardin Botanique du Parc de la tête d’Or. Je vais dans la plus grande et plus belle serre, et je demande à mon copain Gillou, le directeur des jardins (je connais du monde, t’as vu) de me laisser monter ces escaliers en fer qu’on a tous envie de grimper ! Je fais le tour je suis contente ! Il a le temps bien sûr alors il me montre comment va le dernier spécimen SUR TOUTE LA TERRE d’un Begonia qu’il m’a fait garder au chaud un jour à la Faute pendant qu’il mangeait une pizza au comptoir !
17h00
Le jour décline il est 17h, je repasse par les quais et je me dis que je ferai bien un tour au MAC, mais je déteste me presser dans un musée, ça va bientôt fermer, je vais profiter de cette fin de journée ensoleillée fraîche et douce à la fois en rejoignant par le cours de la Liberté, car j’ai des choses importantes à faire plus bas !
19h00
C’est le moment de dire au revoir aux collègues autrement dit de faire la tournée des bars de mon quartier ! Et c’est parti ! Je mange un cookie maison au Livestation avec un thé, je fais des bisous, je passe au Cevichela, je m’envoie le “péruvien”, je fais des bisous, je file au Bouillon Paradis, je bois un whisky, je fais des bisous.
20h00
Je passe au Hopper, je bois un shot de bourbon, je fais des bisous. Je m’arrête au Gnome et Rhône, je bois au moins un Ricard et un shot je fais un million de bisous car j’aime vraiment mon copain Guitou.
21h00
Je redescends rue de Marseille car maintenant il y a des trucs à faire et je vais faire encore des bisous à Agathe à l’Amour de Nuit, je lui vole un fromage d’adieu, je le mangerai plus tard. Puis je file en face au Commerce voir Félix , j’esquive les shooters même si ça parait compliqué. Au moins un pour faire ce qu’on appelle LE CONTROLE QUALITE !
22h00
La nuit est bien tombée, j’ai le cœur gros car on ne se sépare pas de la vie lyonnaise comme ça. Je retourne sur les quais, je retourne boire un coup à la Passagère, je danse au Sirius avec ma copine Galeria entre deux débarrasses de verres, j’me jette dans la fosse au dance floor de la Marquise, je fais des bisous partout où je vais.
2h00
Et là j’ai ma dose de tout, je vais m’enfumer définitivement le crâne avec un Nuage noir au Look Bar, réviser le passé avec Hassem et me faire draguer par Hervé ! Je finis par pleurer, c’est sûr !
Là, normalement, j’ai perdu la mémoire, mais je sais quand même rentrer chez moi !
Avec la gueule de bois que je vais me taper, je vais être obligée de décaler de quelques heures mon départ c’est sûr !
Mais au fait Charlotte, ça serait quoi la raison qui te ferais VRAIMENT quitter Lyon ?
Des choses tristes que je ne souhaite pas vivre et ne veux même pas évoquer !
La parcours de Charlotte pour sa dernière journée
Oui, c’est pas le trajet le plus optimisé !
1 commentaire
Le look bar putain… je serais curieux de connaitre le nombre de type qui on vomi sur le palais de justice en sortant de ce sanctuaire pour oiseau de nuit.
En tout cas, une bien belle tournée des bars pour un dernier jour à Lyon 😉
Gloire à maman ours qui j’espère, ne quittera jamais Guillotière
Parce qu’à la Faute aux Ours , on aime s’y trémousser jusque très tard