Quand j’ai proposé à mon amoureuse un week-end en train en Suisse, elle s’est d’abord montrée sceptique. Mais quelle idée d’aller s’enfermer dans un wagon alors qu’on est resté cloitré chez nous pendant plus de 2 mois. Je lui ai alors rappelé que la Suisse était le pays du fromage fondu et du chocolat. Ce dernier argument a fini par la convaincre et nous avons fait nos valises pour aller voir les belles montagnes de la région du Valais à l’extrémité est de la Suisse.
Voici le récit de notre aventure ferroviaire…
Jour 1 : Coire et Bergbahnen
On décolle de la gare de la Part-Dieu, vendredi matin, tôt. Après une correspondance à Genève, on monte dans notre premier train de la SBB, l’équivalent suisse de la SNCF, la différence avec le TER qu’on vient d’emprunter est flagrante. C’est propre, spacieux et agréable. Nous voilà parfaitement installé face à une grande vitre pour admirer la vue.
On longe pendant un long moment le Lac Léman et son panorama fabuleux avant d’arriver à Zurich. Un nouveau lac nous accompagne sur notre parcours. Il est bordé de plages où en ces premiers jours d’été les baigneurs sont nombreux. Voilà, maintenant plus de 2h qu’on roule et on apprécie grandement le voyage. Après des mois compliqués à bosser comme des dingues (on a pas eu un confinement de tout repos), prendre le temps d’avoir de longues discussions, de lire sans être interrompu et tout simplement de ne rien faire à part profiter de la vue nous procure un grand sentiment de détente.
On arrive vers le 3ème lac du parcours. Le Lac de Walensdate est impressionnant. Son eau turquoise et ses falaises qui le surplombent sur tout son flan nord nous subjuguent et on reste de longs moments les yeux collés à la vitre pour profiter du spectacle.
Notre train continue son parcours à travers la campagne Suisse. Au loin, les premiers sommets enneigés commencent à se dessiner. 6h30 après être partis nous voici arrivés à notre première étape, Coire, où nous allons passer la soirée.
Coire est l’une des plus vieilles villes de Suisse et on est tout de suite séduit pas son ambiance. Avec sa vieille ville entièrement piétonne, ses curiosités artistiques et architecturales et les montagnes qui l’entourent, cette cité est un véritable bijou.
Après s’être baladé dans les ruelles du centre on se dirige vers le télécabine pour prendre de la hauteur et passer la fin d’après-midi au vert. En quelques minutes, nous voici au milieu des alpages et des arbres. Le panorama qui nous entoure est fabuleux. Tout n’est que grands espaces et montagnes. On décide de marcher sur le chemin pour se dégourdir les jambes. Sur notre route, on croise des beaux chalets, des fleurs à perte de vue et… un lama !
On hésite à redescendre sur Coire à pieds. Mais l’heure est déjà bien avancée et il faut 2h30 pour rejoindre la ville, on opte donc pour l’option flemmard avec un retour en télécabine.
On se pose pour boire un verre sur la très jolie place Arcas. On est vraiment pas mal ! On repasse ensuite à notre hôtel. Le restaurant de celui-ci propose un formule découverte pour gouter aux spécialités de la région. On se laisse tenter par le concept. Il faut dire qu’on est dans les Grisons, le territoire de la viande séchée. On découvre avec gourmandise les capuns (rouleaux de feuilles de bettes farcies avec de la pâte et de la viande), les pizzoccheris (pâtes à base de sarrasin) et les maluns (pommes de terre râpées). On termine par une délicieuse glace aux noix. Miam !
Avant de regagner notre lit, on s’offre un dernier verre, dans la rue de la soif de Coire, à la Cucaracha, un bar dont on comprend rien qu’au nom que c’est un traquenard. On résiste quand même la tentation d’enchainer les verres et on rentre se coucher avant la fermeture.
Bonnes adresses à Coire
Où boire un verre : à l’un des cafés de la place Arcas pour profiter de l’ambiance. A la Cucaracha pour finir la soirée.
Où manger : au restaurant de l’Hôtel Stern pour découvrir les produits de la région ou bien dans un des petits restos de la veille ville
Où acheter des bons produits : chez Metzgerei Mark pour dénicher une délicieuse viande des Grisons et chez Läderach pour faire le stock de tablettes de chocolat.
Où dormir : A l’Hôtel Stern pour son ambiance romantique
Jour 2 : Glacier Express et Zermatt
On se lève relativement tôt. Après avoir avalé un café à l’hôtel, on refait un petit tour dans Coire. Ce samedi, c’est jour de marché et on en profite pour faire quelques emplettes.
On se dirige ensuite à la gare pour monter à bord du fabuleux et célèbre Glacier Express, ce train relie St Moritz à Zermatt (en passant par Coire) et traverse des paysages parmi les plus beaux de Suisse. Les petit plus de ce train sont ses grandes vitres panoramiques et ses commentaires touristiques le long du parcours. Le train arrive à quai et déjà des étoiles brillent dans nos yeux. On sait qu’on va vivre une expérience incroyable.
Le train ne roule que depuis 10 minutes qu’on a déjà la mâchoire qui se décroche devant le spectacle qui s’offre devant nous. On traverse Ruinalta, le gorge du Rhin surnommée le Grand Canyon Suisse. Au milieu des falaises et des sapins, le fleuve dévale à toute allure. C’est incroyable, on se croirait au Canada.
Notre train continue son voyage, s’élançant à l’assaut des montagnes, traversant des ponts et des tunnels. Autour de nous, tout n’est que verdure. A intervalles réguliers une petite mélodie retentit pour nous indiquer qu’on peut entendre des explications sur la région que nous traversons à travers les écouteurs fournis avec le siège.
Vers 12h, le personnel nous apporte nos repas. Et oui, on a pris l’option déjeuner pour rendre se moment encore plus insolite. C’est assez incroyable de manger avec le paysage qui défile à côté de nous. Les plats sont malheureusement assez quelconques (on vous recommande donc plutôt d’acheter un encas avant votre départ et de vous contenter de commander une bière fraîche une fois à bord).
Notre train passe l’impressionnant Col de l’Oberalp et son lac dans lequel se reflètent les montagnes et les nuages. Le train a du passer en mode crémaillère pour franchir ce passage situé à plus de 2000 m d’altitude. Une fois le col dépassé, le chemin de fer replonge dans la vallée nous offrant encore des paysages époustouflants.
Sur notre droite surgit soudain un cours d’eau fougueux. Il s’agit du Rhône. En version encore bébé puisque sa source est située à quelques kilomètres seulement. Tout du long du parcours des petites ruisseaux se jettent dedans, faisant grossir le fleuve. Dire que d’ici quelques jours cette même eau passera sous les ponts de notre bonne vieille ville de Lyon.
Les montagnes commencent à se faire plus hautes et plus escarpées. Des sommets entièrement blancs font même leur apparition. On commence notre ascension vers Zermatt, terminus du train.
Notre train finit par entrer en gare de Zermatt. Nous n’avons pas vu passer ces 6 heures de voyage et nous sortons du wagon encore enivrés par tous les panoramas époustouflants qui ont rythmé notre parcours. Malheureusement pour nous, le temps à tourné et nous sommes accueillis par des trombes d’eau. On se réfugie à l’hôtel.
On est un peu dégouté par la météo. On pensait pouvoir admirer la vue sur le mythique Cervin à notre arrivée. C’est raté. Mais alors qu’on bouquine dans notre chambre on aperçoit par la fenêtre une énorme masse rocheuse émerger derrière les nuages. C’est lui ! Il est encore caché par la brume et la pluie mais sa silhouette élancée se dessine de plus en plus clairement. Le Mont Cervin… Matterhonr pour les locaux. Ses 4478 m d’altitude et son versant Est aussi terrifiant qu’iconique. La montagne la plus photographiée du monde, celle qui sert de logo à la marque Toblerone, s’élève devant nous. On se sent tout petit.
Le ciel finit par miracle par se dégager complètement. On part se balader dans Zermatt pour découvrir cette station aussi charmante qu’agréable. On s’émerveille devant ses ruelles escarpées, ses palaces un peu vintage et ses chalets traditionnels.
On se pose sur la terrasse du Elsie’s pour boire un verre de la région avant d’être rattrapé par nos estomacs qui crient famine. On migre quelques mètres plus loin, au Restaurant du Pont pour une petite cure de fondue. On termine au Snackhouse 2000, un petit bistrot sans prétention dans une petite rue où tous les gens cool de Zermatt semble s’être donné rendez-vous pour boire des coups. On passe une super soirée.
Bons plans à Zermatt
Où boire un verre ? Chez Elsie’s Wine & Champagne Bar pour le côté chic, au Snackhouse pour un côté plus bonne franquette
Où manger ? Le Restaurant Du Pont pour une bonne fondue ou des röstis. Snackhouse pour un repas en mode cantoch’, Hörnli pour prendre un petit déjeuner et le Gourmand pour de délicieux sandwichs et tartines.
Où dormir ? Hôtel Parnass (Demandez une chambre avec vue sur le Cervin !)
Jour 3 : Gornergrat et retour à Lyon
On se lève à l’aube pour prendre l’un des premiers trains pour le Gornergrat qui culmine à 3100 m. Malgré l’heure matinale, il y déjà du monde. Notre train s’élance dans la montagne gravissant à vive allure son flan. Alors qu’on prend de la hauteur, d’imposantes montagnes entièrement blanches de neige surgissent de toutes parts.
On fait un premier arrêt à Rotenboden pour aller voir le Lac du Riffle. 10 minutes de marche suffisent pour rejoindre le point d’eau et on comprend pourquoi on nous a recommandé d’aller le voir. Le lac est un miroir parfait qui reflète le Cervin dans un symétrie enchanteresse. Quel spectacle !
On continue notre promenade et on tombe sur un deuxième lac qui lui réfléchit les glaciers aux alentours. On est complètement subjugué par le panorama. On se sent tellement petit et fort à la fois.
On retourne vers la gare pour reprendre le train et monter encore plus haut. Après quelques minutes nous voici au terminus : Gonergrat, 3100m d’altitude. Devant nous se dresse l’imposant Kulmhotel, le plus haut hôtel d’Europe. On se dirige vers la plateforme d’observation, quelle vue ! C’est un 360° vertigineux qui s’offre à nous avec plus de vingt sommets à plus de 4 000m et deux glaciers. On décide de s’éloigner un peu de la foule en marchant sur une crête bien enneigée. Au bout du chemin, un rocher nous sert de promontoire pour admirer la vue sensationnelle et se prendre pour les rois du monde. J’ai l’impression d’être en équilibre entre le glacier du Gorner et celui du Findel, la sensation est grisante.
L’heure tourne est il nous faut redescendre sur Zermatt si on ne veut pas rater notre train pour Lyon. On reprend le train en sens inverse, repassons à l’hôtel pour récupérer nos bagages, on mange rapidement un sandwich chez Le Gourmand avant de sauter dans notre train. Il nous restera 6h de voyage au milieu des beaux paysages de la Suisse avant de rejoindre Genève puis Lyon.
Verdict
Au terme de ces 3 jours d’aventure et de ces 20h de train, on en ressort complètement émerveillé. La Suisse offre des paysages de montagnes encore plus époustouflants qu’en France et le fait des les avoir découverts à bord des trains incroyables gravissants cols et sommets a ajouté beaucoup de magie à ce périple. Au-delà des magnifiques panoramas, nous avons aussi particulièrement apprécié le rythme lent du voyage propice à la contemplation et à la détente.
On regrette seulement de ne pas être resté une journée de plus à Zermatt pour pouvoir se faire une grosse rando en haute montagne. Si votre agenda et votre budget vous le permettent je vous recommande donc de rester la 3ème journée à Zermatt pour vous balader un peu en montagne. Puis de prendre un train en fin d’après-midi pour Zurich et profiter un peu de sa vie nocturne. Le lendemain, après un tour en ville, piquez une tête dans le lac puis prenez un train en fin de journée pour Genève puis Lyon.
Budget du voyage
On ne va pas se mentir, la Suisse n’est pas une destination bon marché. Mais le Franc Suisse et l’Euro sont presque à la parité et le Swiss Pass Travel permet de fortement réduire le budget de déplacement car le billet de train pris individuellement ne sont pas donnés.
Train
Pour voyager, on a utilisé le Swiss Pass Travel qui donne accès en illimité aux transports publics de Suisse, c’est à dire les trains, les bus, les bateaux, les tramways, métros, etc. Il n’est pas donné mais est très vite rentabilisé, et au final ne coute pas beaucoup plus cher qu’un A/R Lyon-Paris en TGV aux heures de pointes. Il coute 218€ pour 3 jours (264€ pour 4 jours). Si vous avez moins de 26 ans vous avez droit à 15% de réduction (soit un pass à 186€) et il est gratuit pour les moins de 16 ans. En plus du transport, le pass vous donne droit à un accès gratuit à plus de 500 musées et à des réductions sur les trains spéciaux.
Pour le Glacier Express, vous devez ajouter à votre Swiss Pass Travel, les coûts de réservation qui s’élèvent à 39€ à la haute saison.
Plus d’info sur le Swiss Travel Pass
Le train qui monte au Gonergart n’est pas compris dans le Swiss Travel Pass, mais ce dernier vous donne droit à une réduction de 50%. L’aller-retour vous revient à 48€.
Total : 304€ par personne
Pour payer moins cher : vous pouvez monter (et/ou redescendre) au Gnergrat à pied (il faut 4h pour monter, 3h pour redescendre), vous pouvez vous avancer un peu en prenant le télécabine. Vous pouvez aussi rejoindre Zermatt depuis Coire en train classique compris dans votre Swiss Travel Pass. C’est aussi long même si le parcours est moins impressionnant.
Hébergement
Les logements reviennent à peu près au même prix qu’en France. On s’est un peu fait plaisir vu que c’était un week-end en amoureux, mais vous trouvez à vous loger pour moins de 100€ la nuit.
Total : 300€ pour 2 pour 2 nuit
Pour payer moins cher : dormez chez l’habitant en dénichant une chambre sur Abritel ou AirBnB. En plus c’est l’occasion de discuter un peu avec les locaux.
Activités et visites
Nous avons fait très peu de visites lors de notre séjour mais sachez que le Swiss Travel Pass vous donne accès gratuitement au Bündner Kunstmuseum, au Rätisches Museum et au Musée de la nature des Grisons à Coire et au Matterhorn Museum à Zermatt.
La seule dépense que nous avons faite a été pour le télécabine à Coire.
Budget visites et activités : 26€ par personne
Pour payer moins cher : vous pouvez ne pas prendre le retour du télécabine et redescendre à pied (comptez 2h30) vous économiserez 8€.
Bars et restaurants
Les prix des restaurants sont un chouilla plus élevés qu’en France mais pas tellement plus. Par exemple notre fondue du samedi soir à Zermatt nous a couté 22€ (ce qui est le même prix qu’en station en France).
Budget restos et bars : 110€ par personne pour 3 jour
Pour payer moins cher : faites des courses chez Migro et préparez-vous des sandwichs
Budget total
Au final notre périple en se faisant bien plaisir sûr les hôtels et en mangeant à chaque repas au restaurant revient environ à 580€ par personne pour 3 jours mais je pense qu’en vous débrouillant bien vous pouvez tomber sous les 500€. Bref, c’est grosso-modo le même budget qu’un week-end prolongé dans une grande capitale européenne, sauf que là en plus vous avez les montagnes et les glaciers (et que vous ne lâchez pas plein de kérosène dans l’atmosphère).
Si ce récit vous a plu, vous pouvez aussi lire mon périple réalisé en Suisse, en bonne partie en train là aussi, mais cette fois en hiver et du côté de la mythique Jungfrau.
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5 commentaires
Une jolie idée de séjour que je vais m’empresser de conserver dans mes petits papiers! En automne , ça doit aussi valoir la peine, non?
J’ajoute aussi qu’en Suisse il est possible de réserver un billet de train régional sur internet pour un train bien spécifique et vous pouvez faire de sacrer économie !
Bonjour, merci pour cet article.
Je me posais la question :
À part pour le glacier express doit-on réserver les trains à l’avance ou peut-on ne rien prévoir à l’avance et embarquer ?
Ou si j’ai bien compris une fois le swiss Pass travel acheté on créé un espace client d’où on achète les billets ?
Hello, tu peux prend les trains sans réserver à l’avance.
Voyager en train a une sensation très particulière, merci de partager votre expérience 🙂