Après les ventes de plantes, les brunchs, les coffee shops, il était grand temps de se pencher sur un phénomène urbain irritant : les soirées Influenceurs.
Loin de moi l’idée de critiquer le concept, ni même de cracher dans la (bonne) soupe. En tant que média “influent” (ou du moins qui croit l’être) on a plus d’une fois succombé aux sirènes de ce genre de soirées (même si on s’y fait un peu rares).
Le but de cet article est avant tout de vous expliquer clairement ce qu’il se passe et se joue derrière ces soirées autour desquelles planent beaucoup de fantasmes.
Mais c’est quoi une soirée influenceurs ?
Une soirée Influenceurs est une soirée où une marque invite une poignée de gens assez suivis sur les réseaux sociaux (notamment sur Instagram) pour leur faire découvrir un produit, un concept ou un lieu à travers une expérience plus ou moins originale. Le deal est simple : on vous invite et on vous rince, en échange vous mettez en avant ce qu’on a à vendre sur vos réseaux sociaux.
Mais pourquoi les marques font ça ?
Les marques ont de plus en plus recours à ce genre d’opérations car le rapport budget / visibilité est super intéressant. Organiser un événement influenceur coûte moins cher qu’une campagne de pub à la TV, dans la presse où à la radio mais la visibilité de la marque est équivalente voire supérieure. De plus, cette visibilité est très ciblée puisqu’en touchant la communauté d’un influenceur qui est en adéquation avec votre marque vous touchez des clients potentiels. Cerise sur le cheesecake, le message n’est pas porté par la marque mais par l’influenceur qui a un pouvoir de prescription beaucoup plus important que la marque elle-même. Bref en gros c’est de la pub mais ça n’en a pas l’air (ou du moins pas trop, on se doute bien que vous n’êtes pas dupes).
Aujourd’hui, si vous ouvrez un lieu (bar, boutique, resto, etc.) à Lyon et que vous faites une soirée influenceurs avec une quinzaine de personnes que vous rincez, vous êtes sûr que votre soirée (et donc votre établissement) sera vue par plein de monde. Non seulement les gens verront les stories ou les photos sur Instagram mais ils les verront sur plusieurs comptes. Votre lieu deviendra alors the place to be (et même si vous êtes un nième coffee shop sans intérêt) et vous verrez affluer du monde dès le lendemain.
Bref, c’est une opération de communication redoutable d’efficacité.
Mais les influenceurs sont payés pour ça ?
C’est là le plus intéressant ! La plupart des influenceurs font la promo de la marque, du produit ou du lieu gratuitement du moment qu’ils sont invités. Les plus gros peuvent demander à être rémunérés mais ils ne sont pas nombreux à Lyon à avoir un tel pouvoir d’influence (et quand c’est le cas, ils vont plutôt traîner sur le plateau de Danse avec les Stars).
Mais alors pourquoi les influenceurs acceptent de jouer les hommes/femmes sandwich gratuitement le temps d’une soirée ? Ce qu’il faut bien comprendre c’est que l’image de l’influenceur qui gagne plein d’argent grâce à son compte Insta est un mythe (ou du moins un phénomène assez rare). La plupart d’entre eux font ça à côté de leur boulot et ne gagnent pas grand chose avec. Pour eux, ces soirées sont la seule récompense pour le temps passé à alimenter leurs comptes et à animer leur communauté. Se rendre à ces soirées valorise aussi leur Insta-cred : si vous êtes invité, c’est que vous faites partie des gens qui pèsent dans le game.
Mais c’est si bien que ça ?
Oui et non. Oui, parce que certaines marques sortent quand même parfois le grand jeu (Coucou Walibi qui avait privatisé le parc entier une soirée d’Halloween et lâché des zombies aux trousses des participants). Non, parce que ce sont quand même des soirées très étranges où tout le monde a son téléphone greffé à la main, le brandissant vers le moindre truc un peu cool.
Tout le monde en fait des caisses. Certains tentent d’être pris en photo et tagués par un influenceur qui en a une plus grosse (on parle de communauté, hein !) tandis que d’autres essayent de faire copain-copain avec les personnes de l’agence qui organise l’événement pour être sur d’être invités à la prochaine soirée. Ces même organisateurs sont obligés de se montrer hyper sympa avec les influenceurs et de balancer sourires et phrases gentilles à tout va pour espérer que tout le monde soit hyper content de la soirée et mette bien en valeur la marque sur les réseaux sociaux (“Oh j’adore ton compte Insta ! Et n’oublie pas d’utiliser le hashtag de la soirée #mamarqueestgeniale, merci t’es trop super”). Bref, c’est juste une soirée où tout le monde bosse pour valoriser une marque mais où tout le monde boit. Et où tout le monde se connait un peu mais se jalouse aussi. Bref, ces soirées ne sont ni nulles, ni géniales, elles sont juste bizarres.
Mais CityCrunch va dans ce genre de soirée ?
Comme dit plus haut, on a déjà participé à des soirée influenceurs. Soit parce qu’on apprécie la marque, ou bien les personnes qui organisent l’événement. Ou bien encore parce qu’on sait qu’on va y croiser des copains.
On reçoit des invitations en permanence et je crois qu’on pourrait sortir tous les soirs de la semaine en étant invité. Mais en vrai, après une journée à bosser sur CityCrunch (publier des articles, préparer de événements, monter notre pochette surprise, faire des points, aller à des RDV, etc.) on a pas l’énergie de retourner faire des contenus Instagram et Facebook pour une marque. Alors bien souvent on préfère aller boire des coups entre nous au bistrot du coin. C’est tout aussi bien.
Ce n’est pas un jugement de valeur de notre part que de bouder ce genre de soirées. On a la chance d’avoir créé un média, d’embarquer une belle communauté avec nous et d’en vivre à peu près bien. On a donc le privilège de ne pas avoir besoin d’aller aux soirées influenceurs pour se sentir récompensé ou valorisé. Mais on comprend tout à fait que certains y aillent, s’y amusent et adorent y créer des contenus pour leurs abonnés et les marques.
Mais je peux y aller moi ?
Comme leur nom l’indique, les soirées influenceurs sont ouvertes aux influenceurs et non au commun des mortels. Mais en vérité il est assez simple de gravir l’Olympe de l’influence à Lyon. Dans notre chère bonne ville de Province ( ?), on peut vous cataloguer comme influenceurs à partir de 1000 abonnés sur Instagram. Ce cap n’est pas très dur à franchir (Une bonne recherche sur Google devrait vous donner quelques astuces).
En vérité le plus compliqué n’est pas tant d’avoir plein d’abonnés que de se retrouver dans les listings des agences qui organisent ce type d’événements. Bref, si vous voulez en être, créez un compte sur Instagram, faites du follow-unfollow en mode un peu sale pour avoir rapidement 1000 à 2000 abonnés, repérez les agences qui organisent des soirées Influenceurs et faites leur des clins d’œil appuyés. Au cours de votre première soirée, faites en des tonnes pour être invité à la suivante. Et peut-être que ça va marcher !
J’espère que cet article vous aura permis d’en apprendre plus sur ces soirées qu’on imagine comme incroyables alors qu’elles sont finalement assez normales. En gros, ça reste juste une opération de communication. C’est fun mais souvent bizarre et si vous avez le choix entre ce genre de soirée et une soirée raclette avec des potes, je vous recommande vivement de choisir l’option fromage fondu !
8 commentaires
Je vous trouve très “prudent” dans votre analyse. En vrai ces soirées sont aussi superficielles que les personnes présentes, parties visibles d’un vide intersidéral de sur-consommateurs néolibéraux sans éthiques ni cerveaux pensants, perdus dans un monde éphémère et illusoire de l’image.
Effectivement, j’aurais pu être beaucoup plus sarcastique mais j’ai préféré faire un article informatif. Même si la superficialité anime beaucoup d’influences certains participent à ce genre d’événement avec une véritable passion pour le sujet (notamment les événements food) et il serait dommage de mettre tout le monde dans le même panier.
Il est évident que ce genre de soirée est souvent un jeu de dupes ou de poker menteur.
« J’te donne l’impression d’être important, tu commentes positivement. »
Mais, j’avoue qu’il m’arrive de me rendre à ces soirées.
J’ai créé mon entreprise il y a 12 ans, je n’attends rien professionnellement de ces soirées. J’ai déjà suffisamment de travail comme cela.
Passionné par la photographie et notre ville, j’y vois l’opportunité de découvrir des lieux auxquels je n’ai pas accès.
Notre société génère – particulièrement depuis l’avènement des réseaux sociaux – beaucoup plus d’incorporel que de corporel (City Crunch n’est imprimé que depuis peu non ?), donc rien d’étonnant dans le fait que ces soirées soient superficielles.
Et, on est obligé à rien : je ne commente que ce qui me plaît.
Je ne souhaite pas mettre tout le monde dans le même panier et effectivement certaines soirées permettent d’accéder à des lieux ou des expériences qu’on ne peut pas avoir en tant que personne lambda.
Si le monde est de plus en plus immatériel, on sent aussi poindre un grand besoin de sens. Et j’avoue avoir du mal à en trouver dans certaines soirées…
La description de ces soirées me fait penser à l’épisode « Chute libre » de la saison 3 de Black Mirror
Le fameux qui épisode qui a traumatisé tout le monde car tout le monde a bien compris que c’est exactement ce genre de société qui était en train de se profiler. #ausecours
Un super épisode, un des meilleurs, et tellement proche de la réalité puisqu’on cours déjà après les bonnes notes de google et les avis positifs pour exister sur internet…
Hello? j’ai participé ressement à un concours pour la St Valentin organisé par #lebonb…. (bref, vous voyez !). Il y a avait des kdos d’une valeur de 1000€…soirée sympa dans un bar à vin dans le 2e, bouquet de chez un super fleuriste, tatouage réalisé par des tatoueurs au top, etc etc… J’étais à fond ! Le jour de l’annonce des résultats j’ai été hyper choquée devoir que le couplé gagnant n’était rien d’autre qu’une influence use et son cher et tendre était le responsable de la com’ du site qui organisait le jeu concours… Je les ai grillé… Bref, à mes yeux un milieu très fermé et celon moi des gens péteux et faux?… Par contre VOUS, je vous KIFF… Bises à votre équipe de bosseurs lyonnais